ENSEMBLE Nr. / N° 18 - Mai 2017
12 Dossier —– ENSEMBLE 2017/18 d’apporter des réponses claires et argumentées, tant sur le plan religieux que philosophique et astrologique. En quoi consistent ces réformes? La consécration des femmes correspond au principe d’égalité. Shiva, considéré comme Dieu suprême dans l’hindouisme, est lui-même mi- homme, mi-femme. Quant à la question de la langue, il s’agit pour nous de maintenir nos racines et de préserver notre identité culturelle. Il est plus facile de mettre en œuvre des réformes dans un pays comme la Suisse, où la sécurité juridique est garantie et où l’Eglise réformée représente en elle- même une réforme au sein du christianisme. Qu’est-ce qui n’est pas réformable? L’interdiction de manger de la viande. Il est également primordial de maintenir la conception traditionnelle de la famille. Comment votre communauté religieuse vit-elle cette diversité interne? L’hindouisme connaît déjà une grande diver- sité. Nous avons en tout 18 recueils de textes sacrés! Chaque personne apporte un bagage différent de ses vies antérieures. Il est donc tout à fait normal que les façons de croire varient, et nous devons respecter cela. Dans notre temple à la Maison des religions, nous avons placé plusieurs divinités, qui sont vénérées à différents degrés par les fidèles. Nous essayons de rester neutres face à ces différences. A quel moment des conflits surviennent-ils dans votre religion? Avant, un mariage entre personnes de castes différentes était impensable. Aujourd’hui, c’est possible, surtout ici en Suisse. L’association «Saivanerikoodam», qui ne reconnaît plus le système de castes, s’efforce de jouer un rôle de médiateur lorsque ce genre de conflit surgit entre parents et enfants. En ce qui concerne la langue, une partie de nos personnes âgées souhaitent que le sanscrit soit maintenu, car elles pensent qu’une prière en tamoul a moins de valeur pour leur karma, voire même aucune. Notre rôle est de leur montrer, à l’aide d’exemples tirés des textes anciens, que les prières en tamoul existaient déjà à d’autres époques. Et vous, comment vivez-vous cette diversité? C’est ce qui rend la religion vivante! S’il n’y avait pas de différences, ce serait ennuyeux. Mais il faut du temps pour faire des réformes et beau- coup de patience pour les personnes qui les en- treprennent! Les changements doivent être étayés par les textes sacrés et expliqués de la manière la plus claire possible, ce qui représente beaucoup de travail. En tant que prêtre, nous jouons aussi un rôle d’exemple. Comment souhaitez-vous que votre religion évolue à l’avenir? Je souhaiterais que partout où il y a de la souf- france, il y ait aussi un engagement social, de la pastorale et de l’aide. Et j’espère que la deuxième et troisième génération des Tamouls de Suisse poursuivra notre travail. Pour en savoir plus: www.saivanerikoodam.ch © Adrian Hauser «S’il n’y avait pas de différences, ce serait ennuyeux»: ici, cérémonie hindoue à la Maison des reli- gions (Berne). «Ohne Unter- schiede wäre es langweilig»: Hinduzeremonie, Haus der Reli- gionen, Bern.
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