ENSEMBLE Nr. / N° 22 - Oktober / Octobre 2017

10 Dossier —– ENSEMBLE 2017/22 A l’occasion des 500 ans de la naissance du protestantisme, le Musée international de la Réforme de Genève présente une presse géante de Gutenberg reconstituée qui permet d’impri- mer une Bible à la main. Les réflexions de son nouveau directeur, le théologien d’origine neuchâteloise Gabriel de Montmollin. Par Nathalie Ogi Pourquoi exposer une presse de Gutenberg pour le Jubilé de la Réforme? L’idée est de montrer à quel point la révolution fulgurante de l’imprimerie, survenue environ 70 ans avant la Réforme, a été décisive pour l’ex- pansion du protestantisme. Sans elle, ni Martin Luther, ni Ulrich Zwingli n’auraient connu un tel succès au XVI e siècle. L’imprimerie a véritablement permis la diffusion de leurs écrits et la création d’une vaste opinion publique. Cette invention a aussi permis de donner naissance à la démocratie, à l’information et a facilité l’accès à la lecture. La Réforme est en fait arrivée au bon moment et cette révolution technique, aussi puissante que celle d’internet, a beaucoup profité à la diffusion des 95 thèses de Luther contre le trafic des indul- gences. Plus de 300 000 exemplaires de ses écrits sortirent de presse entre 1517 et 1520 et près de 3700 éditions différentes de ses œuvres furent im- primées durant les 30 dernières années de sa vie. En quoi consiste exactement cette exposition? Nous avons fait construire une presse de trois mètres de haut sur laquelle nous imprimons en- tièrement à la main le best-seller de l’époque, à savoir la Bible. Depuis le 4 juin dernier, un exem- plaire unique est ainsi en cours de constitution, de la Genèse à l’Apocalypse, à raison de dix pages imprimées par jour. Cette Bible anniversaire de 800 pages est enrichie d’illustrations inédites réa­ lisées en direct sur la presse par quatre artistes contemporains. Durant 130 jours, le public est in- vité à participer à cet événement au cœur d’une exposition qui présente également 17 best-sellers des premiers temps de l’imprimerie. Les visiteurs peuvent ainsi découvrir, souvent dans des éditions premières, des documents tels que les 95 thèses de Luther, son Nouveau Testament de 1524, mais aussi l’Eloge de la folie d’Erasme, un Index catho- lique des livres interdits ou encore les Essais de Montaigne. Ces livres, très rares, nous ont été prêtés par d’importants musées et permettent de mettre en évidence les effets de l’imprimerie non seulement sur la religion, mais aussi sur les développements littéraires et philosophiques de l’époque. Le public est-il au rendez-vous? Le bilan est d’ores et déjà très positif, malgré la saison estivale traditionnellement moins favo- rable aux visites de musées. L’exposition remporte un grand succès, avec 40 pour cent de visiteurs en plus que d’ordinaire. Durant le mois de mai, nous avons même doublé le nombre d’entrées. Le public apprécie beaucoup le côté interactif de l’exposi- tion et le fait de pouvoir imprimer lui-même des pages de la Bible. Il peut aussi assister à une dou- zaine de conférences-débats, suivre des visites guidées insolites et assister à la participation ex- ceptionnelle de diverses personnalités qui viennent «serrer la vis» et imprimer une page qui intégrera le recueil final. LA RÉVOLUTION DE L’IMPRIMERIE ET LA RÉFORME LE MUSÉE INTERNATIONAL DE LA RÉFORME REVOLUTIONIERUNG DES DRUCKWESENS UND REFORMATION INTERNATIONALES MUSEUM DER REFORMATION

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