ENSEMBLE Nr. / N° 23 - November / Novembre 2017

10 Dossier —– ENSEMBLE 2017/23 Anne Durrer, ancienne porte-parole de la Fédération des Eglises protestantes de Suisse, est depuis cet été la nouvelle secrétaire générale de la Communauté de travail des Eglises chrétiennes en Suisse (CTET.CH ). Elle nous livre ses réflexions sur l’état de l’œcuménisme en Suisse. Par Nathalie Ogi Quel est la mission de CTEC.CH en Suisse? La CTEC.CH est une plate-forme œcuménique, la seule en Suisse. Dix Eglises en sont membres. Son travail est d’encourager le dialogue théolo- gique et l’échange d’informations. Un exemple concret: une journée d’études sur le thème de la mort, de l’espérance au-delà de la mort, et l’es- pérance, que nous avons mise sur pied en 2017 avec l’Université de Fribourg et l’Eglise néo-apos- tolique, membre «hôte» récent de notre commu- nauté. Nous organisons aussi des cultes nationaux après une catastrophe naturelle. Tous les quatre ans, la CTEC.CH met par ailleurs en place le service religieux d’ouverture de la législature du nouveau Parlement suisse, avec un ou deux représentants de nos Eglises membres, de tendance différente. Un autre travail important de la CTEC.CH consiste à mettre en réseau les diverses communautés re- ligieuses aussi bien au niveau régional que can- tonal et à faciliter la communication sur leurs projets. Ainsi, avons-nous aidé à faire connaître la «Nuit des Eglises», initiative créée dans le canton de Vaud. Vous avez rejoint la CTEC.CH cet été, en quoi consiste votre travail? Au plan suisse, la CTEC.CH est dotée d’une per- sonne, engagée à mi-temps. Ma fonction est d’ani- mer ce réseau d’Eglises, d’assurer les contacts, de réunir les gens autour de projets phares. Le travail concret sur le terrain est réalisé par les acteurs locaux. Il faut dire que dans l’œcuménisme, il existe une grande tradition de dialogue inter­ religieux entre protestants et catholiques romains. Or en Suisse, nous sommes confrontés à l’émer- gence de nombreuses petites Eglises et commu- nautés chrétiennes. Ces dernières ont besoin du soutien des Eglises bien implantées, par exemple pour trouver des lieux de culte. C’est une des fonc- tions de la CTEC.CH de favoriser le dialogue entre Eglises. Mais la CTEC.CH développe également des projets, comme par exemple l’organisation, avec le Réseau évangélique suisse, d’une prière œcu- ménique le samedi avant le Jeûne fédéral ou le label oecumenica qui distingue des projets exem- plaires du point de vue œcuménique. Au niveau de la politique fédérale, certains parlementaires chrétiens souhaiteraient que les Eglises se pro- noncent d’une seule voix afin d’être plus audibles. Si les grandes Eglises sont déjà organisées dans leurs relations au politique, ce n’est pas le cas des petites. La CTEC.CH agit donc aussi dans ce sens, même s’il n’est pas évident de mettre toutes les Eglises d’accord sur certains sujets de société. Quel est actuellement l’état de l’œcuménisme en Suisse? De nombreux progrès ont déjà été réalisés en matière d’œcuménisme entre catholiques romains et protestants au niveau théologique. Reste tou- jours la grande question de la participation à l’eu- charistie, encore non résolue, en Suisse et ailleurs. Dans notre pays, c’est aussi l’émergence de nou- velles communautés chrétiennes, parfois de mêmes traditions mais avec d’autres formes de piété et de pratiques, étrangères aux chrétiens suisses, qui interroge les Eglises suisses. Je pense notamment aux communautés catholiques, pro- testantes africaines ou d’ailleurs, issues de l’im- migration. Il s’agit d’un défi de l’œcuménisme qui produira peut-être un effet favorable, car ces com- munautés sont souvent très vivantes. La société «LA SOCIÉTÉ SUISSE SE SÉCULARISE » L’ŒCUMÉNISME SUISSE «DIE SCHWEIZER GESELLSCHAFT SÄKULARISIERT SICH » ÖKUMENE SCHWEIZ

RkJQdWJsaXNoZXIy Mjc3MzQ=