ENSEMBLE Nr. / N° 23 - November / Novembre 2017

20 Fokus —– ENSEMBLE 2017/23 tergrund ebenfalls. Ich kenne Schweizer, die in Bauernfamilien aufgewachsen sind und um vier Uhr morgens aufstehen mussten, um die Kühe zu melken. Das entspricht ja nicht unbedingt dem Klischeebild eines Schweizers, der Büroarbeiten macht und eine reiche Familie hat. Ich bin vor- sichtig geworden mit «Schubladisieren». Was haben Sie für versteckte Potenziale? (lacht) Das ist doch nicht sehr schweizerisch, über sich selbst zu sprechen, oder? Ich denke, ich habe einige, die in mir schlummern und die ich immer mehr am Abrufen bin. Eines davon ist zum Beispiel mein Einfühlungsvermögen, das es mir ermöglicht, verschiedene Leute ansprechen zu können. Ich kann mit Kindern arbeiten oder mit älteren Leuten. Egal welcher Altersunterschied besteht, ich kann mich in mein Gegenüber hin- einversetzen. Ich verstehe es und spüre seine Bedürfnisse – ich sehe den Menschen. Ich hätte gerne einmal eine Visitenkarte, auf der neben den beruflichen Titeln auch «Mensch» steht. F Laavanja Sinnadurai est juriste, média- trice, interprète interculturelle et membre de la Commission fédérale des migrations. In- vitée à l’occasion de la rencontre annuelle de Joint Future, elle a évoqué le potentiel des per- sonnes issues de la migration. Selon elle, les compétences professionnelles sont aussi impor- tantes que celles qui peuvent être mises au ser- vice de la société à titre privé. Par Adrian Hauser Vous êtes devenue une habituée des médias. Comment l’expliquez-vous? Je crois que ça a commencé en 2009, quand j’ai été candidate PS au Conseil communal de Köniz. On était très nombreux sur les rangs, mais j’ai quand même été élue avec un très bon score. J’ai dû arrêter après deux ans et demi pour des ques- tions d’emploi du temps. Dans quelle mesure vos apparitions publiques sont-elles un moteur d’intégration? Ça crée de la transparence, ça mutualise le sa- voir. J’estime que je joue un rôle de passeuse entre deux mondes que tout oppose et je trouve impor- tant qu’un dialogue ouvert puisse s’instaurer. Les personnes issues de la migration sont-elles trop peu présentes dans la sphère publique? En Suisse, la diaspora tamoule a la réputation d’être fermée sur elle-même. C’est une sorte de société à part dans laquelle les liens sont très res- serrés, ce qui favorise l’entre-soi. Il est rare de croi- ser un Tamoul ailleurs qu’au travail; ce sont des personnes dont on ne sait pas grand-chose. La situation change un peu avec la deuxième géné- ration: nous, nous parlons les deux langues, nous pouvons créer des ponts. Plus précisément? Dès qu’il y a dialogue, on apprend à se connaître. Dans votre exposé, vous avez parlé du potentiel visible et du potentiel invisible. Pouvez-vous nous en dire plus? Quand on parle de migration et de potentiel, la société s’intéresse en priorité à l’utilité économique, ce que je peux aussi tout à fait comprendre. Mais si nous voulons exister dans un monde globalisé, nous devons commencer dès maintenant à nous intéres- ser à d’autres manières d’être utile et à les valoriser. Je pense surtout aux aptitudes culturelles et socié- tales. Quelqu’un qui travaille dans le domaine des soins à la personne peut aussi être capable de chan- ter merveilleusement bien et mettre sa voix au ser- ©Adrian Hauser Laavanja Sinnadurai

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