ENSEMBLE Nr. / N° 25 - Januar / Janvier 2018

11 ENSEMBLE 2018/25 —– Dossier films d’horreur ou les séries policières, on réfléchit peu à la mort. Et beaucoup de gens sont désem- parés lorsqu’ils sont touchés par ce phénomène. Je crois qu’il est bien d’être accompagné par quelqu’un, mais cela ne doit pas forcément être un aumônier. Un ami qui partage avec courage ce moment, qui parle franchement, peut également apporter un soutien. Je ne pense pas que la vie doive être réglée jusqu’au dernier souffle. J’aime bien que chacun trouve son chemin dans sa der- nière étape de vie. On est alors en recherche de son identité, comme on l’était auparavant. On s’égare parfois. Et je pense que l’on a droit à tout cela. Vos patients sont tous réformés? La majorité de mes patients sont réformés. Mais la confession ou la religion ne joue aucun rôle dans mon approche. Des athées peuvent faire appel à moi et les entretiens se dérouleront alors sans prière, sans lecture ou sans rituel religieux. Je n’ai pas l’esprit missionnaire. Si je ne perçois pas de signe, je ne propose pas de prière. Mais lorsque nous prions, je termine souvent par un «Notre Père». Je trouve ce moment de communion tou- jours assez impressionnant dans un moment comme celui-là. Que représente pour vous cet accompagnement en fin de vie? Comme je l’ai dit, pour moi il ne s’agit pas d’un accompagnement à la mort, mais d’un accompa- gnement de vie. Une fois la personne décédée, ce corps inerte est de la matière morte. Et cela reste pour moi une des énigmes de la vie. Elle commence un jour – j’ai vu aujourd’hui un nouveau-né – et demain je vois quelqu’un qui a expiré une dernière fois. Cela donne une vision de la vie assez forte. Je ne sais pas ce qui se passe après la mort et je suis très curieux de voir com- ment ce sera, mais je ne spécule pas à ce sujet. Je laisse aux autres les histoires de paradis, d’enfer et de réincarnation. J’ai assez à faire avec la vie ici. Mais quand on est proche de cet événement, cela reste impressionnant. On se rend compte de la valeur du moment qui passe. C’est quelque chose à quoi je ne me suis pas vraiment habitué. Vous arrive-t-il d’être confronté à des gens deman- dant l’assistance au suicide? Oui cela m’arrive. Je ne suis pas membre d’Exit mais je n’y suis pas opposé du tout. Dans tous les cas que j’ai vus, le processus s’est bien passé, sur- tout avec Exit. Avec cette organisation, les gens meurent à la maison et non à l’hôpital. Pour ma part, j’accompagne souvent les proches qui veulent encore me voir une dernière fois après le décès. Des bénévoles accompagnent aussi les patients de l’hôpital? Il existe plusieurs groupes de bénévoles formés pour cela. Ils accompagnent les patients qui se rendent dans leur chambre, s’occupent de la bi- bliothèque ou tiennent compagnie aux malades qui ne souhaitent pas rester seuls dans leur ©Alena Lea Bucher Eric Geiser

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