ENSEMBLE Nr. / N° 27 - April / Avril 2018

17 ENSEMBLE 2018/27 —– Dossier P A S T E U R D A V I D G I A U Q U E «Il faut oser des choses» A quoi ressemble la relève chez les pasteurs de l’arrondissement du Jura et du Jura bernois? Pour le savoir, ENSEMBLE a rencontré David Giauque, 28 ans, pasteur à temps plein depuis maintenant deux ans et demi dans la paroisse réformée de Corgémont-Cortébert. Par Nathalie Ogi Lorsqu’on lui demande si devenir pasteur était pour lui un rêve de gosse, David Giauque répond: surtout pas! «Je suis moi-même fils de pasteure et lorsque l’on est enfant, ce métier ne semble pas très attirant.» Puis les années passent, et après une journée portes ouvertes à l’Université de Lausanne, le jeune homme s’inscrit presque naturellement en faculté de théologie. Puis il effectue son master en allemand à l’Université de Berne. Après un stage d’une année dans la paroisse de Grandval, il débute son ministère en août 2015 à Corgémont. Le poste qu’il occupe est dédié pour deux tiers aux activités de la paroisse tandis qu’un autre tiers est dévolu au syndicat des paroisses ou à la région, avec prin­ cipalement la catéchèse. Etre responsable d’une paroisse à 25 ans signifie se voir confronté à de nombreuses nouveautés: il s’agit d’une part de dé­ couvrir les paroissiens, de savoir lesquels s’inves­ tissent et quelles sont les attentes. Cela suppose aussi quelques moments délicats, comme le pre­ mier service funèbre ou la conception de A à Z des leçons de catéchisme. Le jeune pasteur découvre aussi l’aspect administratif et les nombreuses séances de commissions ou les représentations auxquelles il doit assister. Et puis, il y a aussi les multiples fêtes de Noël où le pasteur est attendu. Un métier de contact avec les gens Ce que David Giauque préfère avant tout, c’est le contact avec les gens, que ce soit les visites, chez les paroissiens ou en institution (home, hôpitaux), mais aussi les rencontres dans le village. Et du monde, le jeune pasteur en voit beaucoup à toutes sortes d’occasion. «Il arrive souvent que les gens me reconnaissent et moi non.» Le métier de pasteur est un engagement conséquent. Il faut donc savoir quand prendre des congés et ne pas hésiter poser quelques limites. Mais la profession offre aussi beau­ coup de souplesse dans la manière de travailler. L’âge n’est pas un problème Pour David Giauque, son âge ne joue aucun rôle particulier dans l’exercice de son ministère. «La question de mes compétences ne se pose pas auprès des gens, à moins que quelque chose se passe mal et là, ils me font sentir que je suis un jeune.» Mais dans le domaine de la catéchèse, la jeunesse pré­ sente aussi l’avantage d’être plus proche des en­ fants et des jeunes. Par ailleurs, on est peut-être plus créatif. Le pasteur de Corgémont estime en tout cas que le fait de pouvoir exercer autant de responsabilités et d’avoir un travail aussi varié est très attractif pour un jeune. Et c’est aussi un métier qui offre de bonnes conditions de travail et de bons rapports avec l’employeur. Burn-out et abandons Pour autant, la profession peut être éprouvante, surtout au début. Durant les cinq premières années, on compterait près de 50% d’abandon, ainsi que des burn-out. Il faut savoir faire ses marques, habiter la fonction. David Giauque pense qu’il est néces­ saire d’aller voir les gens, afin de faire connaître les activités de la paroisse et recruter peut-être quelques nouveaux membres. En tout cas, le jeune pasteur ne manque pas de projets: il organise des sorties originales avec les catéchumènes, comme la visite d’un squat à Bienne, ou a participé à la mise sur pied du projet «Hé Sens». Il faut oser des choses, sortir de sa zone de confort. Pour l’heure, David Giauque est satisfait de sa situation et oui, il se voit bien continuer dans ce métier. David Giauque ©Nathalie Ogi

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