ENSEMBLE Nr. / N° 28 - Mai 2018

9 ENSEMBLE 2018/28 —– Dossier la vérité. C’est en cela qu’Emmanuel Kant refuse le droit de mentir par amour d’autrui. La révolte contre un principe moral ne peut jamais accéder au rang de droit. Une forme de vie Contre le philosophe de Königsberg, nous avan­ çons que la vérité ne se situe ni dans un principe de raison éthique, ni surtout dans l’être humain, mais au-delà, dans sa captation. C’est en ce sens que les Grecs parlaient à juste titre de l’«aletheia» en tant que ce qui s’est laissé reconnaître aux êtres humains. Cet éclairage sur la vérité jette une lumière sur la fameuse affirmation de Jésus: la vérité se révèle aux croyants dans le fils de Dieu fait homme. La vérité judéo-chrétienne désigne ainsi bien moins une connaissance des faits que la relation établie par Dieu au travers de la foi. Les faits peuvent être évalués de manière objec­ tive de l’extérieur et leur vérité ou leur fausseté peut être ainsi établie. En revanche, les relations sont vécues et ce que ce lien fait des personnes impliquées reste caché aux yeux extérieurs. La vérité judéo-chrétienne désigne la fidélité et la constance, qui ne peut être reconnue que dans la relation. Elle ne résulte pas d’une opération de la pensée, mais d’une forme de vie qui, paradoxale­ ment, a le degré d’authenticité qui lui est concé­ dé par le regard extérieur. Et ce sur quoi nous comptons, c’est précisément ce à quoi nous disons amen. «Nous voulons savoir où nous sommes»: illusion dans le miroir et verre d’eau. «Wir wollen wissen, woran wir sind»: Illusion im Spiegel und Wasserglas. ©Reuters /Luke MacGregor ©Keystone /Science Photo Library

RkJQdWJsaXNoZXIy Mjc3MzQ=