ENSEMBLE Nr. / N° 30 - Juli / Juillet 2018

14 Dossier —– ENSEMBLE 2018/30 Infirmière de formation, Sabine Ory pratique l’accompagnement en fin de vie depuis 12 ans dans la région de Delémont. Cette mère de famille a suivi une formation spécifique et fait partie d’un groupe de bénévoles. ENSEMBLE a recueilli son témoignage. Par Nathalie Ogi «J’ai eu la chance d’accompagner mes grands-parents jusqu’au bout. Cette expérience a été tel­ lement belle que j’ai eu envie d’aider d’autres personnes à vivre leur propre deuil», explique Sabine. La quinquagénaire, de confession protes­ tante, a donc suivi une formation de base organi­ sée par Caritas qui permet d’accompagner les personnes en fin de vie à domicile, dans les EMS ou dans les hôpitaux et de soutenir également leurs proches. Les bénévoles y sont notamment formés à l’écoute, à la communication, à la thé­ matique de la mort et du deuil. Actuellement, cette formation est également suivie d’un stage pratique en EMS ou à l’hôpital. Pour sa part, Sabine s’est encore formée de manière plus pointue dans ce domaine et a eu très vite envie de rejoindre le groupe de bénévoles du Jura. «A côté de mon métier, j’aime pouvoir simplement être avec les personnes, les suivre dans leur chemin. Je prends le temps de m’asseoir, de discuter avec elles, d’échanger. C’est riche», souligne l’infirmière qui exerce par ailleurs dans les soins à domicile. Dans certains cas, la présence du bénévole peut égale­ ment juste permettre au bénéficiaire de dormir, de se relaxer. En général, l’accompagnement en fin de vie dure un mois au maximum et les béné­ voles voient la personne à une ou deux reprises. Mais il arrive souvent aussi que les accompagnants soient appelés trop tard, alors que la personne se trouve déjà dans le coma. L’accompagnement se résume alors à une simple présence apaisante, à un contact physique rassurant. Mais il faut aussi être capable de sentir lorsqu’une personne n’a pas envie d’être touchée, relève Sabine Ory. Soutenir la famille Parfois, c’est plutôt la famille qui a besoin de sou­ tien, souligne Sabine. Il arrive en effet que les proches ne sachent pas s’ils peuvent parler avec la personne en fin de vie, la toucher. «Il est alors important que nous soyons là pour les guider, pour leur montrer comment faire. Cela apaise tout le monde.» Quoiqu’il en soit, l’expérience est diffé­ rente à chaque fois. «On ne peut jamais savoir quand c’est le dernier moment.» Certaines per­ sonnes sont très agitées, contentes que quelqu’un soit là et attendent son départ pour partir. D’autre fois, c’est le contraire, la personne attend que quelqu’un soit là pour s’en aller. «Après, ce n’est pas nous qui décidons quand cela se passe, c’est une autre force qui gère cela», ajoute Sabine. Le décès d’une personne n’est jamais anodin et les bénévoles doivent également faire leur deuil et être capables de gérer cette situation. Il est impor­ tant de savoir se ressourcer. Pour ce faire, Sabine aime les balades dans la nature où elle peut se recharger auprès des arbres et de Dieu. Moins de demande Mais ces derniers temps, les appels pour les ac­ compagnements en fin de vie se font de moins en moins nombreux. La demande est plus importante pour les accompagnements de longue durée au­ près de personnes âgées en institution. La cause de cette baisse des appels n’a pour l’heure pas été identifiée. Le développement des soins palliatifs y est peut-être pour quelque chose. Caritas a en outre formé aujourd’hui de nombreuses personnes en accompagnement en fin de vie dans le Jura et il est possible que de nombreuses familles béné­ ficient ainsi de l’expérience de leurs proches ou amis dûment formés. T É M O I G N A G E D ’ U N E B É N É V O L E «On ne peut jamais savoir quand c’est le dernier moment» ©Nathalie Ogi Sabine Ory

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