ENSEMBLE Nr. / N° 34 - Dezember / Décembre 2018

11 ENSEMBLE 2018/34 —– Dossier vivre en Suisse sans statut légal – principalement des ressortissants d’Amérique centrale et d’Amérique du Sud, mais également d’Europe et d’Afrique. Beaucoup travaillent en Suisse depuis plusieurs années déjà, la moitié d’entre eux environ chez des particuliers, les autres dans la construction, l’agriculture ou la restauration. Dans bien des cas, ils cotisent à l’AVS et parfois, ils paient même des impôts sur leur salaire. Pourtant, ils sont transpa­ rents, à l’image d’Erica, qui a rapi­ dement appris à se fondre dans le paysage. Ils vivent dans l’ombre une vie étriquée. Précarité, le lot quotidien Les personnes qui résident en Suisse sans autorisation de séjour ne peuvent ni travailler légale­ ment, ni ouvrir de compte en banque, ce qui complique considé­ rablement toute recherche de logement. Elles sont également exposées aux abus, voire à la vio­ lence dans la sphère socioprofes­ sionnelle, puisqu’un dépôt de plainte à la police les démasque- rait très probablement, explique Andreas Nufer, président de l’Asso­ ciation du centre bernois pour sans-papiers. Leur quotidien est semé d’embûches: pour les per­ sonnes en situation irrégulière, ni abonnement de téléphonie mobile ni abonnement de transports en commun. Andreas Nufer souligne encore que la majorité des sans-papiers fuient les assurances-mala­ die, par peur de rentrer dans les radars et par manque de moyens financiers. Autant de facteurs de marginalisation tant géographique, qu’économique ou sociale. Le vivre-ensemble en partage L’Association du centre bernois pour sans-papiers aide les personnes en situation irrégulière à faire face aux difficultés du quotidien, qu’il s’agisse d’un contrat d’assurance-maladie, de la scolarisa­ tion des enfants ou des démarches administratives avant le mariage. L’association évalue aussi les chances de succès d’un dépôt de demande pour cas de rigueur, même si cette procédure est très délicate. Au fond, si l’on veut offrir une chance aux sans-papiers d’accéder à la vie sociale, il faut leur ouvrir les portes des réseaux privés: c’est là que les paroisses entrent en jeu. En effet, la pa­ roisse peut constituer l’un de ces espaces protégés où un sans-papiers pourra établir des relations et s’intégrer à la vie communautaire. Une condition, tout de même, insiste Andreas Nufer: la paroisse doit être ouverte à l’accueil inconditionnel. Beau­ coup de paroisses font déjà un gros travail de sen­ sibilisation à la problématique des sans-papiers: Andreas Nufer y voit un signe d’espérance, le dé­ but d’une prise de conscience et d’une volonté de la population de s’engager en faveur de cette part invisible d’elle-même. *Service Migration Ohne Aufenthalts- bewilligung in der Schweiz zu leben, bedeutet viele Einschränkungen hinzunehmen. Demonstration von Sans-Papiers. Vivre en Suisse sans permis de séjour signifie accepter de nom- breuses restrictions. Manifestation de sans-papiers. ©Keystone /Daniel Teuscher

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