ENSEMBLE Nr. / N° 34 - Dezember / Décembre 2018

15 ENSEMBLE 2018/34 —– Dossier néficiaires de l’aide sociale. Il écoute leurs his­ toires, et essaye de trouver, avec elles, un moyen de revenir vers le monde du travail. Accompagner les gens Ingo Schütz n’a pas toujours été travailleur social au sein de l’Eglise. Après une première formation d’électronicien, il passe six mois comme matelot sur un navire. Une «pause réflexive», comme il l’ap­ pelle. Il poursuit par des études en travail social à Berne, puis une formation continue en conseil sys­ témique pour les personnes seules, les couples et les familles. Il travaille ensuite quelques années au sein de la clinique psychiatrique universitaire UPD de Berne. «Mon quotidien y était très claire­ ment réglé», raconte Ingo Schütz. «On avait trois semaines pour trouver une solution appropriée aux personnes que l’on accueillait.» Ici, au sein de la paroisse Johannes, son quotidien est beaucoup plus varié. «Aucun jour ne se ressemble.» Ce qui lui plaît particulièrement dans son tra­ vail actuel, c’est qu’il peut prendre du temps pour sa «clientèle». «Tout un chacun peut se retrouver au chômage», explique l’homme de 54 ans. Il men­ tionne une femme de 50 ans qui a perdu le poste qu’elle occupait depuis longtemps, suite à une restructuration. «Pour les personnes concernées, il est souvent très difficile d’avouer à leurs amis et connaissances qu’ils sont sans emploi. Ils ont honte de ne plus participer au niveau profession­ nel. Ils se referment toujours plus sur eux-mêmes sur le plan social. Quand on pense ne plus pouvoir apporter sa pierre à l’édifice, on commence sou­ vent à se considérer comme inutile.» La mission d’Ingo Schütz: accompagner ces personnes, souvent fragilisées psychologique­ ment, sur la voie d’un retour à la vie profession­ nelle, et leur montrer comment participer à la vie sociale. Leur budget très modeste représente à cet égard un obstacle majeur. Et Ingo Schütz raconte l’histoire d’un vendeur du magazine «Surprise», qui n’aimait pas volontiers être invité à manger par d’autres personnes. «Il me disait: ‹comment pourrais-je accepter, alors que je sais très bien que je n’ai pas les moyens de retourner l’invitation?›.» Souvent, l’argent à disposition ne suffit pas non plus pour s’offrir une sortie au cinéma ou au théâtre, ou la carte de membre d’un club de sport, explique Ingo Schütz. Sans même parler de va­ cances. Pas assez d’offres Les personnes à l’aide sociale n’ont souvent que peu de possibilités de participer. C’est probléma­ tique, estime Ingo Schütz. «Chaque être humain devrait pouvoir prendre part à la vie de la société.» Selon lui, il existe certes déjà de bonnes offres pour les personnes ayant un petit budget, comme le «Äss-Bar», le magasin «Caritas» ou la CarteCulture. «Mais on pourrait être beaucoup plus créatif dans ce domaine.» Il faut également agir au niveau des valeurs de notre société, estime encore Ingo Schütz. «Il est très important que les gens prennent conscience du fait que l’on existe aussi, même lorsqu’on ne peut pas contribuer à la vie professionnelle. Chaque être est précieux, qu’il puisse travailler ou pas.» Ingo Schütz ©Daria Lehmann

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