ENSEMBLE Nr. / N° 34 - Dezember / Décembre 2018

16 Dossier —– ENSEMBLE 2018/34 Il nous reçoit avec courtoisie au Centre d’accueil paroissial (CAP) de l’Eglise française réformée de Berne, où il travaille, pour nous raconter son parcours. Un parcours éprouvant que son regard doux et son sourire affable ne laissent pas deviner. Von Maria Vila Aîné d’une fratrie de treize enfants, Edem Germain est un entrepreneur togolais, issu d’une famille aisée, qui fait de l’import-export. Les affaires vont bien. Il voyage fréquemment à l’étranger pour rencontrer ses fournisseurs. Et un jour, confronté à la corruption institutionnalisée qui règne au Togo, qu’il dénonce à travers un manifeste, il doit quitter son pays. Il pense alors à la Suisse, symbole pour lui des droits de l’homme, où il compte pour­ suivre ses affaires. Ainsi, en 2007, il arrive sur le sol helvétique. Après un passage au centre d’enregistrement de Vallorbe, où il dépose une demande d’asile, il est envoyé à Berne, à Zollikofen. Quelques mois plus tard, il obtient une première réponse négative. Son avocat n’a pas respecté le délai: il a présenté sa requête un jour trop tard. Edem devient un NEM (non-entrée en matière) et commence pour lui une rude épreuve qui va durer plus de dix ans. D’entrepreneur à requérant d’asile Il va connaître la clandestinité, la précarité de l’aide d’urgence, la détresse d’une procédure de recours qui n’aboutira positivement qu’en 2018 avec une autorisation de séjour. «Cela a été extrê­ mement difficile, surtout psychologiquement. Mais je viens d’une famille chrétienne et j’ai une grande foi; elle m’a donné la force de tenir le coup et d’aller de l’avant», avoue-t-il, non sans ajouter avoir reçu un grand soutien. «J’ai rencontré des gens qui m’ont aidé énormément. La paroisse fran­ çaise réformée m’a prêté un appui inébranlable, s’engageant toujours de mon côté», affirme-t-il. Edem ne se laisse pas abattre. Il publie plu­ sieurs articles sur son pays pour dénoncer la cor­ ruption et le manque de démocratie. Toujours animé par l’esprit d’entrepreneuriat, il élabore un business plan et envisage d’aller en Tanzanie, pour sa stabilité politique. Il se forme aussi comme catéchète professionnel et prépare un Brevet fédéral de concierge en bâtiment. Et il s’engage dans le «Mittagstisch Sainte Marie» à Berne où, chaque jeudi, il prépare un repas gratuit qui réconforte les personnes déboutées du droit d’asile. Cuisiner, c’est son hobby. Aider son pro­ chain, sa vocation. Le regard de l’autre Se retrouver en marge de la société, c’est aussi être exposé au regard méprisant de l’autre. Cependant, Edem, qui dans son autre vie au Togo était loin de pouvoir s’imaginer ce que cela représente que d’être dans la peau d’un demandeur d’asile, reste lucide et bienveillant. «On peut rencontrer un re­ gard négatif partout, c’est le propre de certaines personnes. Mais en Suisse, même si cela a été dif­ ficile et tout n’est pas idéal, j’ai trouvé des gens qui ont fait preuve d’une grande solidarité et m’ont fourni une aide précieuse.» En repensant à sa dure traversée, il esquisse un sourire et, sans amertume, il dit que «ce qui compte est le résultat». Edem dégage une force tranquille. Il peut maintenant envisager son futur. Ses projets? «Aider l’Afrique.» Sa détermination et sa confiance n’ont pas été ébranlées. Elles en sont ressorties renforcées, par l’espoir de sa foi et par la chaleur des nombreuses mains qui lui ont été tendues. «Des mains empreintes d’un amour et d’une générosité extraordinaires», conclue-t-il. D A S Y L Die Ausdauer des Glaubens Ein freundlicher Empfang imKirchgemeindehaus der reformierten Französischen Kirche Bern. Hier ist sein Arbeitsplatz und er gibt bereitwillig Aus- kunft über seinenWerdegang. Sein sanfter Blick und sein freundliches Lächeln lassen nicht ver- muten, wie steinig seinWeg inWirklichkeit war. Par Maria Vila Edem Germain war ein togolesischer Unterneh­ mer. Er ist der Älteste von dreizehn Kindern und stammt aus einer wohlhabenden Familie, die im Import-Export tätig war. Die Geschäfte liefen gut. Er reiste oft ins Ausland, um sich mit seinen Lie­ feranten zu besprechen. Und plötzlich musste er das Land verlassen, weil er die in Togo weitver­ breitete Korruption in einem Manifest kritisiert hatte. Er entschied sich dafür, seine Geschäfte in der Schweiz weiterzuführen. In seinen Augen war das Land ein Symbol für Menschenrechte. ASILE La persévérance de la foi

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