ENSEMBLE Nr. / N° 34 - Dezember / Décembre 2018

24 Kreuz und quer —– ENSEMBLE 2018/34 Dans un livre, la journaliste Francesca Sacco donne la parole aux bénévoles de la Main Tendue et de S.O.S Amitié. Alors que le nombre d’appels ne cesse d’augmenter, on ne sait rien de ces personnes qui se relaient pour écouter les détresses de la population. Par Nathalie Ogi Ils travaillent dans des locaux dont l’adresse est tenue secrète. Ils tiennent à leur anonymat comme à la prunelle de leurs yeux. Certains se sont d’ail­ leurs engagés à ne révéler à personne, en dehors de leur entourage, ce qu’ils font le soir, le week- end et parfois même la nuit. Qui sont-ils? Ce sont les bénévoles de La Main Tendue en Suisse et S.O.S Amitié en France. Toute l’année, vingt-quatre heures sur vingt-quatre et sept jours sur sept, ils se relaient pour écouter de manière confidentielle et anonyme toutes les détresses de la population. Ils forment une chaîne de bénévoles qui fonc­ tionne sans interruption dans ces deux pays de­ puis plus d’un demi-siècle, ce qui représente des millions d’appels. L I V R E D ’ E N T R E T I E N S «La magie de l’écoute» Le nombre d’appels ne cesse d’augmenter Or, bien que ces services soient largement connus du public et que le nombre d’appels ne cesse d’augmenter, on ne sait quasiment rien sur les personnes qui y travaillent. La littérature est pour ainsi dire muette. A part le film «Le Père Noël est une ordure», dont on se doute bien qu’il ne reflète pas la réalité de leur quotidien, on trouve peu de choses sur ces bénévoles de l’ombre qu’on appelle «répondants» en Suisse et «écoutants» en France. C’est ce vide que la journaliste Francesca Sacco a voulu combler en interrogeant une quinzaine d’entre eux. Ils témoignent ici de leur expérience. «L’écoute me nourrit. J’ai besoin de la nourriture que je reçois à travers les appelants, la formation continue et les échanges avec mes collègues. Il y a aussi la nourriture que je trouve en pratiquant l’introspection. Les appelants m’aident beaucoup à développer cette capacité à me nourrir moi- même», explique ainsi un des bénévoles dans le livre. Il rapporte qu’il n’y a pas d’appel type. «Par­ fois, on entend juste une respiration et la personne raccroche aussitôt. On peut aussi avoir affaire à un habitué qui, à force d’appeler, ne sait même plus comment se présenter. Tous les cas de figure sont possibles. Moi, j’essaie de créer tout de suite de la confiance, parce que c’est seulement à partir de là qu’on peut faire un bout de chemin en­ semble. Mais très souvent, le plus intéressant c’est ce qui se passe une fois que la personne a raccro­ ché. (…) c’est souvent à ce moment-là que des choses peuvent se débloquer», ajoute le bénévole. «Si je résume, un appel c’est: accueillir, mettre en confiance, créer un lien et essayer de faire un pe­ tit bout de chemin ensemble.» A propos de l’auteure Francesca Sacco est journaliste professionnelle spécialisée dans l’investigation et la vulgarisation scientifique. Née en 1965 à Saint-Imier, elle a com­ mencé à travailler en tant que pigiste à l’âge de 15 ans, avant d’effectuer un apprentissage de com­ positrice-typographe à l’imprimerie Courvoisier, à La Chaux-de-Fonds. Formée ensuite à l’Agence télégraphique suisse (ATS) à Berne, elle se spécia­ lise dès 1992 dans les enquêtes sur des sujets ori­ ginaux, ce qui deviendra sa marque de fabrique. En tant que journaliste indépendante, elle a col­ laboré à une vingtaine de titres en Suisse romande, en France et en Belgique (Le Temps, La Liberté, 24 Heures/La Tribune de Genève, Le Matin Dimanche, Hémisphères, la Revue Médicale Suisse, Le Monde…). La magie de l’écoute entretiens avec des bénévoles de La Main Tendue et de S.O.S Amitié Francesca Sacco Foto: zVg

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