ENSEMBLE Nr. / N° 39 - Juni / juin 2019

15 ENSEMBLE 2019/39 —– Dossier Un ministre d’un genre nouveau est à la tête de la paroisse de St-Jacques à Lausanne: Olivier Keshavjee est un «pasteur geek». Il veut concilier l’Evangile et la culture geek qui réunit les passionnés de jeu, d’imaginaire et de sciences et technologies. Par Nathalie Ogi Cette initiative originale est née après que le jeune pasteur a eu un véritable coup de cœur pour la paroisse de St-Jacques, sa grande terrasse avec vue imprenable sur le lac Léman et ses vastes bâti­ ments. «Je me suis mis à rêver de manière récur­ rente d’une foule d’activités que je pourrais mettre sur pied et je me suis dit que j’étais peut-être appelé à officier ici avec un projet particulier», explique Olivier Keshavjee, 33 ans. «Je voulais être pasteur geek dans une paroisse qui puisse être accessible et ouverte aux geeks car j’avais réalisé pendant mon stage que je me sentais en décalage avec la culture traditionnelle des paroissiens», ajoute le jeune père de famille. Son idée séduit les autorités de l’Eglise et les portes s’ouvrent. Le jeune homme reçoit notamment le soutien du Labo Khi, laboratoire de recherche et développe­ ment de nouvelles formes d’Eglise dans le canton de Vaud qui lui attribue un mandat pour déve­ lopper un ministère pionnier, en parallèle à son mandat traditionnel. Olivier Keshavjee crée d’abord avec des amis chrétiens les «HolyGames», une association à but non lucratif qui propose de vivre, le temps d’un week-end, des temps d’amitié et de rencontre en famille autour du jeu de socié­ té, mais propose aussi un cadre amical pour par­ tager des temps spirituels, explorer les liens entre le jeu et la spiritualité. Le concept est un succès: la première rencontre en novembre dernier a attiré une centaine de personnes. «Open Source Church» Le pasteur suffragant a aussi réuni une équipe de jeunes passionnés de jeux et de l’Evangile afin de mettre sur pied des rencontres autour des jeux vidéo. Il s’agit de voir comment la Bible éclaire le jeu vidéo et inversement. Une nouvelle formation intitulée «fais de ta vie un jeu» va démarrer en juin. L’idée sera d’appliquer les principes des jeux vidéo à sa vie et aux difficultés que l’on rencontre. Des événements destinés à tout un chacun. «Je me suis donné comme axe de m’adresser aux gens qui ne sont pas encore dans l’Eglise.» La formation sera appuyée par un éclairage scientifique et une proposition d’angle spirituel et biblique, non im­ posée. Olivier Keshavjee travaille également sur l’identité de son projet de paroisse qu’il entend nommer «Open Source Church», une métaphore provenant du monde numérique, «Open Source» étant un modèle de développement de logiciel ouvert, participatif et éthique. «Je fais de la pro­ grammation depuis l’âge de dix ans et pour moi c’est naturellement l’une des manières dont j’aborde le monde», explique le pasteur. Et si la paroisse n’est pas encore présente sur les réseaux sociaux et internet, c’est que le jeune ministre souhaite d’abord développer du contenu et une communauté. L’envie existe aussi de développer des vidéos et des podcasts et de créer une chaîne Youtube. La paroisse songe aussi à créer une application qui servira d’agenda de rencontre pour les organisateurs de jeux de société et une autre dont le but sera de nourrir la méditation et la prière chrétienne. Les outils de travail sont aussi en cours de numérisation. Ici, tout est encore à créer. «La pression de l’institution est parfois lourde, mais la tâche est passionnante.» L A U S A N N E Une paroisse pour «geeks» «Pasteur geek»: Olivier Keshavjee. Pfarrer für Nerds: Olivier Keshavjee. ©Nathalie Ogi