ENSEMBLE Nr. / N° 40 - Juli / Juillet 2019

13 ENSEMBLE 2019/40 —– Dossier vivent à la solde des jeunes. Ce type de discours oublie complètement de mettre dans la balance les services rendus par les séniors au sein des familles et de la société: combien sont-ils à garder leurs petits-enfants ou à faire du bénévolat? Il est urgent d’élargir le débat sur la valeur de l’âge. La solidarité familiale réciproque entre jeunes et moins jeunes, y compris au sein des familles de cœur ou de proximité (liens d’élection ou de voisinage), doit être encouragée. Prendre soin des membres âgés de la famille exige par exemple une extension et une flexibilisation des offres de soins ambulatoires et semi-stationnaires. D’ailleurs, les nouvelles technologies ouvrent de possibilités intéressantes. Comment vous préparez-vous à votre propre vieillesse? Je ne me définis pas à travers mon âge, je vis dans le présent. L’âge, ce n’est qu’un chiffre. Je vis avec confiance, je suis curieuse, je me donne des objectifs, je prends soin de mes relations sociales et je fais du bénévolat. C’est plus sur mon grand âge que je m’interroge: pour moi, il s’agit d’être accordé à sa biographie et de regarder l’avenir avec créativité, humour et sens des responsabilités. Personnellement, je me nourris de l’idée que vieil­ lir c’est sortir de la vision tripartite de la vie – apprendre, travailler, dormir – et oser la philoso­ phie de l’éternelle jeunesse. Comment peut-on se préparer à vieillir? Que peut- on faire tant que l’on est encore jeune pour se faciliter la vie plus tard? La manière de vieillir est d’abord déterminée par la biographie. L’espérance de vie et la santé ne sont déterminées qu’à 25 ou 30% par les gènes et à 10% environ par des facteurs déterminants pour la santé dans les premières années de vie. Le reste est déterminé par un style de vie sain: mener une activité physique, avoir une alimentation équili­ brée, éviter le stress, s’accorder des temps de repos suffisants... A cela s’ajoute l’importance de la for­ mation tout au long de la vie, des loisirs et des relations sociales. Ces facteurs ont un effet d’aug­ mentation de la capacité de réserve cognitive, utile en cas de démence. Quels sont les aspects positifs et agréables de l’âge? Chaque étape de la vie est faite de gains et de pertes. Plus on a d’années de vie derrière soi, plus on a d’expérience et de sang-froid, plus on gagne en liberté et en sagesse, plus on arrive à se forger des critères indépendants, mieux on perçoit que la qualité prime sur la quantité... Certaines des activités proposées par l’Eglise vous semblent-elles particulièrement adaptées aux séniors? Toutes les offres qui touchent à des questions qui interpellent cette tranche d’âge sont pré­ cieuses. Avec les années, les problématiques liées à la solitude ou à la perte des proches sont très présentes. Et puis, il y a la question de la spiritua­ lité qui prend de plus en plus d’importance, les questions sur le sens de la vie. Les Eglises peuvent jouer un rôle important en ouvrant un espace d’échange avec d’autres pour interroger les ques­ tions spirituelles. Des offres à plus bas seuil peuvent aussi avoir tout leur intérêt: déjeuners en commun, chorale, groupes de danse, cafés-deuil... Je mentionnerai enfin les projets intergénération­ nels ou les initiatives de type «entraide séniors» qui constituent d’importants filets de sécurité. Et vous, quelles offres de l’Eglise vous intéresse­ raient à titre personnel? Des espaces de discussion sur des sujets actuels délicats: Quelle approche de la fin de vie? Com­ ment aborder les événements critiques de la vie, le suicide? Tout ce qui touche à l’intergénération­ nel et à la formation m’intéresse aussi. La révolution digitale et sociétale a-t-elle des ré- percussions sur la solidarité intergénérationnelle? A quoi faudrait-t-il être particulièrement attentif? Bien trop d’images négatives collent encore à la vieillesse dans notre société. Il est commun d’en­ tendre dire que les personnes âgées profitent et ©Adrian Hauser Pasqualina Perrig- Chiello

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