ENSEMBLE Nr. / N° 40 - Juli / Juillet 2019
7 ENSEMBLE 2019/40 —– Dossier F La question du temps qui passe se pose dès le premier jour de notre vie. Qui ne se rappelle pas des premières rides autour des yeux découvertes un matin dans le miroir? Qui n’a pas vécu l’inquiétant mal de genou qui ne passe pas depuis la dernière balade? Par Heidi Minder Jost* Les enfants ont hâte de grandir et se réjouissent de passer de l’école enfantine au primaire, du pri maire au secondaire, et d’aller enfin chez les «grands». Les jeunes et les jeunes adultes ont l’esprit plein de questions existentielles: «Qu’est-ce que je veux faire de ma vie? Que me réserve l’avenir? Est-ce que je vais fonder une famille? Vais-je trou ver ma place dans la société?» Cette étape de vie est passionnante, pleine de découvertes, de points de départ, d’infinis possibles. A l’âge adulte, la «vieillesse» n’est pas un sujet de préoccupation prioritaire. La vie de famille et les obligations professionnelles remplissent le quotidien et réfléchir activement à la question du vieillissement n’est pas perçu comme une néces sité majeure. La question surgit dès lors que les parents ou des proches vieillissent ou ont besoin de soins. C’est au plus tard à la fin de la vie d’adulte actif que l’envie de devenir plus âgé disparaît dé finitivement, remplacée par un réflexe de refus, souvent ironique, des années qui ont passé: «Parce qu’il y a des vieux ici?», «L’âge, c’est dans la tête!» sont des expressions typiques de cette mise à dis tance. Les fêtes d’anniversaire des cinquante et soixante ans sont encore marquées par une cer taine ambivalence; sur les invitations, la formule «votre présence suffira, venez les mains vides» est une manière de signifier que le temps de construire est révolu, qu’est venu le temps de faire le tri, que la moitié de la vie est passée. Puis vient le sursaut de la retraite. C’est une période où beaucoup vivent une sorte d’euphorie liée à l’âge. Voici le temps béni des golden agers: plus de contraintes professionnelles, sécurité matérielle assurée, forme physique représentent autant de promesses qui font miroiter un nouvel eldorado sous le signe des voyages, du bénévolat, des petits-enfants à garder, d’une nouvelle forma tion. Si l’on en croit l’image de la vieillesse ren voyée par les médias, nous sommes appelés à vivre de longues années heureuses et en bonne santé. Celles et ceux qui n’arrivent pas s’adapter à l’effri tement de la vie sociale, qui vivent dans la pau vreté, n’accèdent pas aux offres de formation, qui * Responsable Vieillesse Les soins ne peuvent demeurer la responsabilité des familles. Betreuung kann nicht Aufgabe der Familien bleiben. © Keystone / Jean-Christophe Bott
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