ENSEMBLE Nr. / N° 40 - Juli / Juillet 2019
9 ENSEMBLE 2019/40 —– Dossier Bien vieillir Mobiliser ses forces person nelles et ses ressources indivi duelles joue un rôle important: mieux on y arrive, plus le vieil lissement sera perçu comme «positif» ou «réussi», malgré la fragilité. Bien vieillir ou vieillir en bonne santé ne signifie pas forcément être épargné par la maladie. Une personne qui vieillit en bonne santé parvient à stabiliser ses capacités fonc tionnelles, à «faire et être ce qu’elle a des raisons de valori ser» (OMS). Deux tiers des per sonnes de plus de 85 ans consi dèrent qu’elles sont en bonne et même en excellente santé, même si elles souffrent de dou leurs (OFSP 2019). Le niveau de satisfaction existentielle des personnes d’un grand âge est majoritairement considéré comme élevé. Les objectifs et les exigences sont la plupart du temps adaptés aux possibilités exis tantes, ce qui provoque un sentiment de bien-être psychique malgré la diminution physique. La recherche en gérontologie a mis au jour un certain nombre de facteurs d’étayage du vieillis sement réussi: se donner moins d’importance à soi-même, nourrir les liens et les relations sociales, développer ses valeurs spirituelles et religieuses, et sa foi, mener une activité physique quotidienne, donner un sens à sa vie, avoir un sentiment d’au todétermination malgré moins d’indépendance, accepter d’être aidé, s’accorder des pauses et dor mir en suffisance, se nourrir sainement. Cependant, les transitions biographiques ne sont pas déterminées uniquement par des facteurs individuels. Les conditions de vie en société et le niveau de vie économique influencent également la gestion de ces années. Communautés aidantes Pour pouvoir mener une vie digne et autodéter minée jusqu’à un âge avancé, il faut qu’un certain nombre de conditions soient réunies: facteurs environnementaux et conditions matérielles favorables, espace social proche, relations com munautaires bienfaisantes. L’évolution de la société constitue par ailleurs un défi supplémentaire, avec la question de la prise en charge des personnes âgées. Comment soutenir, hors domaine médical, les personnes âgées qui ne parviennent plus à gérer seules leur quotidien? En 2013, on avait estimé à 63,7 millions d’heures le temps consacré par les proches et les membres des familles à s’occuper des personnes âgées. Le besoin croissant en prestations de prise en charge doit être reconsidéré, les responsabilités et les compétences doivent être redéfinies. La prise en charge ne peut pas continuer à incomber aux familles, des efforts supplémentaires doivent être consentis. On pense non seulement aux presta tions bénévoles émanant de la société civile, mais également aux efforts sociopolitiques nécessaires pour faire en sorte que la prise en charge des per sonnes âgées soit assurée au titre de réponse à un besoin fondamental du corps social. Les Eglises ont une responsabilité importante dans ce domaine: elles contribuent à tisser des relations communautaires d’entraide et à montrer que la prise en charge constitue un droit universel. La coresponsabilité signifie que l’Eglise, ses colla boratrices et ses collaborateurs, ainsi que les bé névoles s’engagent à créer des opportunités de rencontre et d’accompagnement mutuel et s’in vestissent pour que le travail intergénérationnel soit équitable et créateur de liens. L’Eglise est l’un des maillons d’une communauté aidante. Nous aspirons toutes et tous à bien vieillir, à savoir accepter l’imprévisible, à conserver l’éner gie et la joie de vivre et à cultiver le désir jusqu’au dernier instant. «Vieillir, en soi, c’est vivre.» Thomas Rentsch Des efforts socio- politiques sont nécessaires pour assurer la presta- tion des soins dans le cadre des services sociaux de base. Es braucht sozial- politische Anstren- gungen, welche die Betreuung als Teil der Grund- versorgung im Sozialwesen gewährleisten. © Keystone / Jean-Christophe Bott
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