ENSEMBLE Nr. / N° 42 - Oktober / Octobre 2019

13 ENSEMBLE 2019/42 —– Dossier ©Alena Lea Bucher visaient à déterminer comment les personnes concernées peuvent évoluer à l’intérieur de ce système de valeurs afin que les deux se sentent bien. Il s’agissait de trouver un équilibre entre prendre et donner. Aujourd’hui, tout s’est accéléré. La famille est souvent débordée. Par le passé, les femmes s’occupaient de l’éducation, l’homme étant chargé de gagner de l’argent. Aujourd’hui, les deux veulent et doivent pouvoir tout faire. Toutes les femmes se voient recommander de gar­ der leur profession lorsqu’elles fondent une fa­ mille. Et les pères tendent à vouloir s’impliquer davantage dans l’éducation. Souvent, les familles veulent satisfaire à des exigences très élevées et se heurtent ainsi à leurs limites. L’utilisation des médias sociaux est une autre source de conflits. En raison des nombreuses possibilités de commu­ nication, les situations pouvant susciter de la ja­ lousie sont devenues plus fréquentes. Auparavant, on rêvait de quelqu’un, on avait par exemple un flirt dans un bar ou une relation cachée. Au­ jourd’hui, les fantasmes et désirs de relations ex­ traconjugales sont aussi de plus en plus souvent vécus au travers des médias sociaux. Il existe par ailleurs davantage de possibilités de contrôle: les téléphones portables peuvent être localisés, on peut lire les conversations en ligne de l’autre. Dans la plupart des couples, le désir de vivre une rela­ tion exclusive avec son partenaire reste présent. Or si le ou la partenaire écrit des messages in­ tenses à quelqu’un ou surfe sur des sites de ren­ contres, cela peut conduire à des scènes de jalou­ sie et des crises. Comment les types de couples ou de relations ont- ils évolué? Ces dernières années, l’éventail s’est diversifié. Le phénomène des familles recomposées était plus rare auparavant. Aujourd’hui, il arrive souvent que des couples se séparent même lorsque les enfants sont encore scolarisés, voire plus jeunes. On en­ gage de nouvelles relations, on s’installe peut-être avec le nouveau partenaire, parfois même avec les enfants d’une première relation. Deux mondes dif­ férents se rencontrent, ce qui pose des exigences incroyables à toutes les personnes concernées. Il y a vingt ans, l’homosexualité ou la bisexualité étaient plutôt un sujet tabou; qu’en est-il au­ jourd’hui? Le partenariat enregistré a été introduit en 2007. On est devenu beaucoup plus ouvert envers les formes de relation non traditionnelles. De plus en plus de couples homosexuels viennent nous consulter. L’ouverture et l’acceptation de la part des conseillères et des conseillers sont des condi­ tions indispensables au succès de la collaboration. Quels changements législatifs importants sont in- tervenus au cours des vingt dernières années? En 2014, il a été décidé que les couples non mariés ayant des enfants pouvaient aussi deman­ der l’autorité parentale conjointe. Auparavant, l’autorité parentale revenait automatiquement à la mère. Ce qui était exigeant pour un couple (bien se mettre d’accord) est au moins aussi difficile pour des parents séparés. En tant que conseillères et conseillers, nous pouvons aider ces derniers à mieux communiquer. Depuis 2014, l’autorité parentale conjointe est en général aussi accordée en cas de divorce. Un cas vous est-t-il particulièrement resté en mémoire? A mes débuts en 1999, un couple marié – vers le milieu de la trentaine – est venu pour une consultation. L’homme, sous l’influence de l’alcool, avait fait un faux pas et eu une relation sexuelle avec une autre femme. Pour son épouse, un monde s’était écroulé. A l’issue d’un processus intensif, les deux sont parvenus à surmonter cette crise profonde. La femme a repris des forces et retrouvé confiance en son mari. J’ai été impressionnée par la façon dont tous les deux se sont investis pour sauver leur relation. «Aujourd’hui, tout s’est accéléré. La famille est souvent débordée.» Ida Stadler

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