ENSEMBLE Nr. / N° 43 - November / Novembre 2019

17 ENSEMBLE 2019/43 —– Dossier A la Maison de paroisse St-Paul à Bienne, drapeaux et affiches témoignent du soutien actif de nombreuses Eglises et œuvres d’entraide à l’Initiative pour des multi- nationales responsables (IMR). Par Maria Vila Pour la paroisse réformée française de Bienne, la décision fin 2018 de prendre position en faveur de l’IMR signifie aussi s’engager plus fortement qu’avant dans une thématique politique. Ce pas a suscité une réflexion interne – pourquoi soutenir cette initiative et pas d’autres? – et a amené à fixer des critères en vue de futurs engagements, ex­ plique Luc N. Ramoni, pasteur en charge de l’appui à l’IMR. A cet effet, trois niveaux de référence ont été établis: les prises de position de l’Eglise à l’échelle nationale et cantonale d’une part et le travail des œuvres d’entraide de l’autre. Quand une initiative politique est signalée à ces niveaux, «en tant que paroisse, nous devons communiquer dans le même sens, être solidaires et la défendre, même si nous avons le droit de réfléchir de notre côté», dit le pasteur Ramoni. Appel à la responsabilité Selon lui, ce qu’il y a de particulier par rapport à l’IMR c’est qu’elle a un aspect humain. Il ne s’agit pas seulement d’un levier politique, mais d’une initiative qui appelle à la responsabilité, en l’oc­ currence des entreprises. Dans l’Eglise «on essaie d’appeler nos paroissiens à être responsables de leur comportement écologique, par rapport aux autres, etc. Avec l’IMR nous sommes à un niveau politique, mais au fond le regard que nous portons sur nos paroissiens est le même que celui que l’on peut porter sur les entreprises suisses qui tra­ vaillent à l’étranger. C’était assez facile de s’enga­ ger pour la défendre», affirme-t-il. Auprès des paroissiens, l’engagement a très bien passé. Il y a eu deux séances d’information à la suite des­ quelles quelques-uns, suivant l’exemple de Luc N. Ramoni, se sont de plus engagés à titre personnel dans un groupe citoyen de soutien de l’IMR. Aus­ si, pendant la braderie biennoise, ce groupe a été présent pour informer les gens dans le stand que les Eglises réformées et celles issues de la migra­ tion ont ensemble. A Bienne, ville horlogère et industrielle, avec une longue tradition syndicale, le fait que l’Eglise se mêle de politique ne pose pas de problème. «Quand on milite pour les droits d’autres personnes c’est tout à fait honorable et ici il ne s’agit pas de faire de la politique pour gagner de l’argent ou du pouvoir, mais pour dé­ fendre des droits humains», précise-t-il. Rôle de réflexion éthique Les paroisses réformées biennoises sont bien cou­ vertes par la presse locale. Les médias leur de­ mandent régulièrement leur avis car leurs paroles ont un grand impact. L’appui à une initiative comme l’IMR permet d’avoir un rôle de réflexion éthique sur les droits humains qui est proche de la réflexion sur Dieu, de montrer que l’Eglise a un engagement social pour les gens défavorisés et pour des sujets ayant une portée politique. «Si nous restons cantonnés dans l’Eglise, ceux qui ne viennent pas n’ont pas de lien avec elle. Ils ont l’impression que l’Eglise ne leur apporte rien», affirme Luc N. Ramoni; tandis qu’en se position­ nant en faveur des multinationales responsables ou en relayant d’autres questions d’intérêt com­ mun, «elle n’est plus perçue comme complètement déconnectée, confinée dans son clocher, mais comme faisant partie de la vie de tous les jours», conclut-il. E G L I S E / I M R Pour des multinationales responsables ©zVg

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