ENSEMBLE Nr. / N° 43 - November / Novembre 2019

21 ENSEMBLE 2019/43 —– Fokus proposition. «Si la confiance est établie, tout devient fluide», poursuit Sara Ghebray. Pour y arriver? Beaucoup d’entretiens individuels, de la patience, de la persévérance, du temps. Après la naissance des bébés, une dernière ren­ contre est organisée. Les mères viennent avec leur nouveau-né pour célébrer ensemble la joie de l’événement et parler de leur expérience. C’est aussi l’occasion pour les responsables du cours et les interprètes de recueillir les réactions sur la for­ mation et de partager le bonheur des mamans qui racontent ce qu’elles ont vécu lors de leur accou­ chement. Pour en savoir plus: www.mamamundo.ch Quand les mères et les amies ne sont pas là Doris Wyssmüller est formelle, la naissance d’un enfant représente un événement marquant dans la vie de n’importe quelle femme, indépendam­ ment de son origine. Pour autant, des rapports d’expérience ont montré que les femmes mi­ grantes passaient souvent par des moments diffi­ ciles durant leur grossesse, leur accouchement et leur séjour à la maternité, des difficultés qui peuvent être mises en lien avec leur situation so­ ciale. Sentiment d’insécurité et de solitude fait partie du tableau parce qu’une présence féminine proche manque. Sentiment de nervosité et de peur aussi, parce que la maîtrise insuffisante de la langue a empêché de communiquer par téléphone avec la sage-femme, de poser une question ur­ gente, de savoir à quel moment il fallait se rendre à la maternité. A l’évocation des mille raisons qui ont pu pousser ces femmes à migrer, des violences subies et des traumatismes qui s’ensuivent, M me Wyssmüller et M me   Ghebray soulignent qu’elles «offrent un cours, pas une thérapie». Aux femmes traversant des situations psychiquement difficiles, les deux intervenantes suggèrent un accompagnement psychosocial ou thérapeutique, en complément de la formation Mamamundo. La session de formation débute à la 22 e semaine de grossesse. Au cours des six premiers modules, explique Sara Ghebray, les femmes apprennent à mieux connaître leur corps à l’aide d’images et de modèles anatomiques et d’exercices pratiques. De plus, elles comprennent comment se déroule un accouchement normal, ce qu’est un examen gyné­ cologique, un lavement et une césarienne. On leur explique également les principaux éléments de la décharge qu’elles devront signer à leur entrée à la maternité. Doris Wyssmüller insiste sur l’informa­ tion et l’échange, «même si la moitié de chaque cours est dévolue aux exercices physiques de pré­ paration à la naissance». Tisser la confiance – créer des liens Alors que les cours de préparation à l’accouche­ ment sont de plus en plus courus, Mamamundo se place dans une catégorie à part: en effet, repé­ rer et convaincre les femmes migrantes d’assister à une telle formation n’est pas si simple. Ce sont les sages-femmes de la maternité de l’Hôpital de l’Ile, les collaboratrices et collaborateurs informés des centres d’hébergement et des services sociaux, les gynécologues ou les personnes de référence au sein de la communauté qui sollicitent Ma­ mamundo, dont une interprète prend alors contact avec la future mère. «Suivre un cours de prépara­ tion à l’accouchement, c’est un concept occiden­ tal», explique Doris Wyssmüller. Il faut commencer par convaincre les femmes migrantes, souvent très jeunes, de l’importance et de la pertinence de la Portrait d’une participante Senait est Erythréenne. Elle est encore mineure lorsqu’elle arrive à Berne, et elle n’a pas 20 ans lorsqu’elle tombe enceinte. D’ailleurs, au début, elle ne comprend même pas ce qui lui arrive, elle croit qu’elle est malade. Senait vit seule, le père est parti et elle n’a personne de proche pour la soutenir. Au service de soins ambula­ toires des Services psychiatriques universitaires de Berne, elle fait la connaissance de Sara Ghe­ bray. Cette interprète interculturelle l’accom­ pagne en consultation et, voyant la situation délicate de la future maman, elle lui parle de Mamamundo. Après de longs échanges, Senait accepte de participer. «Elle a vite pris confian- ce», se rappelle Sara Ghebray. L’accouchement s’est bien passé et l’allaitement aussi. «Elle en sait beaucoup et c’est une bonne mère», se ré­ jouit l’interprète. Senait vit désormais avec son enfant, elle a gardé contact avec des femmes de son groupe Mamamundo et suit des cours d’al­ lemand auprès de l’ISA (espace information pour les personnes étrangères à Berne et région). En six séances, les femmes – à partir de la 22 e semaine de grossesse – apprennent à mieux connaître leur corps au moyen de planches anato- miques, de modèles et d’exercices. In sechs Sequenzen lernen die Frauen – ab der 22. Schwanger­ schaftswoche – anhand von anato- mischen Bildern und Modellen und durch Übungen ihren Körper besser kennen. ©zVg

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