ENSEMBLE Nr. / N° 44 - Dezember / Décembre 2019

11 ENSEMBLE 2019/44 —– Dossier soutiennent des postures allant dans ce sens de l’unité entre l’être humain et la nature. Un livre proposant une relecture de la Bible par rapport aux enjeux écologiques paraîtra début janvier en France. Les protestants ont été aussi très actifs en Suisse à travers œco Eglise et environnement. Et je constate un grand intérêt en Suisse romande pour l’écospiritualité. En quoi consistent vos ateliers? Nous traitons avec beaucoup de succès dans nos ateliers l’anxiété générée par l’état actuel du qui détruit la planète, mais d’opérer un change­ ment de paradigme. Si on veut ce changement de cap, l’écologie extérieure doit être complétée par une écologie intérieure, en particulier une éco-spiritualité qui permet de regarder la nature au­ trement que comme une pure matérialité, un stock de ressources ou une marchandise. Comment changer notre vision de la nature? C’est toute une écologie horizontale qui doit être verticalisée. La finalité est de retrouver cette unité profonde entre l’être humain, la Terre et Dieu. Les relations entre ces trois dimensions sont vitales, fondamentales. L’enjeu est de retrouver des équilibres et des harmonies. Pour cela, la dimension spirituelle est fondamentale. Quel peut être l’apport du christianisme? Il s’agit de revisiter la tradition chrétienne qui dispose des ressources pour réenchanter le monde et notre relation à la nature. Je suis de tradition orthodoxe, un monde qui a en bonne partie échap­ pé à la modernité occidentale et à ses dualismes. Dans la Bible, l’être humain apparaît parfois comme dominant la Terre. Ecologiquement, le christia­ nisme n’est pas exempt de «péchés» – source de séparation – comme l’anthropocentrisme ou les violences contre les traditions premières. Une tra­ dition très patriarcale a aussi mené à la perte de la dimension du féminin, essentielle dans une éco-spiritualité.. Mais en retravaillant les textes, les apports des Pères de l’Eglise et des mystiques, on découvre aussi des passages qui chantent la nature – dans sa prodigieuse diversité – comme un reflet de Dieu, de sa beauté, de sa générosité. Et les or­ thodoxes la voient comme étant le lieu de la pré­ sence de Dieu. Tout cela permet de fonder au­ jourd’hui une véritable écospiritualité. C’est la théologie verte qui s’est développée sur un plan œcuménique à la fin des années 1960. Le christianisme porte donc une responsabilité? L’autocritique est nécessaire. Je reviens d’un colloque dans un monastère orthodoxe du sud de la France, où l’évêque Martin de l’Eglise orthodoxe de France a demandé, les larmes aux yeux, pardon à la Terre et à tous les êtres qui l’habitent pour les violences commises par les chrétiens. Et là, je me suis mis soudain à rêver que le pape François et les autorités de toutes les Eglises publient en­ semble une déclaration solennelle demandant pardon. Que font les Eglises réformées? Fin février 2020, aura lieu un grand colloque à Strasbourg sur la théologie verte, organisée par le Faculté de théologie protestante. Des figures contemporaines comme l’éthicien Otto Schäfer «C’est toute une écologie horizontale qui doit être verticalisée. La finalité est de retrouver cette unité profonde entre l’être humain, la Terre et Dieu.» Michel Maxime Egger ©Nathalie Ogi

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