ENSEMBLE Nr. / N° 46 - März / Mars 2020

20 Dossier —– ENSEMBLE 2020/46 coup à offrir. Contrairement aux professionnels de la prise en charge, les bénévoles ne doivent pas continuellement regarder leur montre ou respec­ ter l’efficience. Ces groupes d’entraide extra-fami­ liaux et issus de la société civile sont toutefois tributaires du fait qu’il existe des systèmes d’aide fiables et professionnels. Et ils font bien de colla­ borer avec eux. Comment décririez-vous la notion de «soutien»? Le terme «soutien» vient de l’anglais «care». Il désigne tous les métiers centrés sur le relationnel et l’attention aux autres, qu’ils soient privés ou pro­ fessionnels. La théorie féministe analyse en ce sens la domination d’une vision d’économisation des domaines du social et de la santé, qui transforme les gens en simples clients et récipiendaires de pres­ tations. Le «soutien» désigne une forme fondamen­ tale et globale d’un «être-là les uns pour les autres», qui ne se laisse pas simplement réduire à des calculs. Il semble aller de soi que l’entraide privée soit largement fournie gratuitement; cela est tout aussi problématique que l’économisation dans le social et la santé. Les communautés de soutien sym­ bolisent des valeurs communes et des relations basées sur la responsabilité. Elles vivent de la col­ laboration entre des bénévoles et des profession­ nels. Le contrôle commun des ressources financières et temporelles en fait partie, de même qu’un état d’esprit commun, qui unit des gens très différents. La majorité des gens espèrent pouvoir s’éteindre à domicile. Mais en fait, la plupart décèdent dans des hôpitaux ou des établissements de soins. Que faire pour que cette idée devienne réalité? Avant tout, une bonne collaboration entre d’un côté les soins ambulatoires et hospitaliers, les ser­ vices médicaux et pastoraux, et de l’autre les fa­ milles, les voisinages et les communautés de sou­ tien. Dans ce cadre, les paroisses peuvent jouer un rôle important de passerelles: pour la collabora­ tion professionnelle avec les médecins et les ser­ vices sociaux, mais aussi pour la collaboration civile avec des communautés bénévoles engagées. Mais il faut aussi des appartements accessibles pour les personnes à mobilité réduite, des offres de jour semi-stationnaires pour les malades dont les proches travaillent, et des prestations de sou­ tien pour les proches-aidant, allant des offres de conseil jusqu’aux vacances et aux temps de repos. De nombreuses personnes âgées qui se sentent encore jeunes s’engagent au sein de telles commu- nautés de soutien. Avez-vous redécouvert l’al­ truisme? «Moi pour moi. Moi avec d’autres pour moi. Moi avec d’autres pour d’autres. Des autres avec des autres pour moi»: Margret Schunk décrit ain­ si le cœur de son engagement dans l’action «Refaçonner les âges». Plus nous vieillissons, plus nous dépendons de nos amis, de nos liens ou d’un voisinage fiable. Nous devenons fragiles, la mobi­ lité faiblit, l’espace vital se rétrécit. De plus, de nombreuses familles ne vivent plus au même en­ droit. Cela fait donc du bien, à cet âge, de prendre part à la vie des plus jeunes. Lorsque l’on a besoin Avoir un bon réseau fait la moi- tié de la bataille: «les rencontres de mots d’éveil» entre jeunes et personnes âgées. Gut vernetzt ist halb gewonnen: «Weckworte- Begegnungen» zwischen jungen und alten Menschen. ©Keystone /Caro /Seeberg

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