ENSEMBLE Nr. / N° 46 - März / Mars 2020

21 ENSEMBLE 2020/46 —– Dossier d’aide, on souhaite aussi offrir quelque chose à d’autres. Les communautés de soutien sont donc des réseaux qui apportent quelque chose à tous les concernés, précisément lorsqu’ils sont intergé­ nérationnels. Cela fonctionne ainsi: aller faire les courses en échange d’une aide aux devoirs. Il ne s’agit donc pas tellement d’altruisme, mais de l’émergence d’un réseau qui sert à tout le monde. Que peuvent apporter les paroisses aux réseaux de soutien de la société civile? Comment peuvent- elles s’insérer en tant qu’espaces sociaux et rela­ tionnels dans les nouvelles structures de soutien? Les paroisses présentent plusieurs avantages: elles sont intimement liées avec un lieu, son his­ toire et les autres organisations, et elles disposent d’espaces. De plus, la coopération entre bénévoles et professionnels y est mise en pratique et il existe un état d’esprit commun, qui nourrit les relations de responsabilité. Le soutien aux malades et aux personnes en fin de vie fait partie de l’ADN de l’Eglise: prendre soin et visiter les gens, enterrer les morts et accompagner ceux qui sont en deuil. Dans une société sécularisée et plurielle, ces tâches sont remplies par quantité d’organisations différentes. C’est pourquoi il est nécessaire de s’organiser, de participer à des tables rondes et aussi d’ouvrir ses propres espaces à d’autres per­ sonnes qui s’engagent. Les paroisses ont en outre toujours une compétence pastorale particulière dans ce domaine. De nombreuses offres récentes en sont la preuve, comme les cours de «Letzte Hilfe» (approche de fin de vie), ou des cours pour les personnes qui souhaitent accompagner et sou­ tenir des proches-aidant. La vieillesse est une phase de grande sensibilité, qui offre en même temps un espace pour se déve- lopper et mûrir. Selon vous, quelles sont les possi- bilités pour la mission pastorale et la diaconie d’accompagner ces personnes? C’est la confrontation avec la finitude, en toute conscience, qui donne sa profondeur à la vie. Le temps qui passe peut aussi être une occasion pour profiter du moment et le façonner consciemment. La théologienne Sabine Bobert voit la prière Cornelia Coenen-Marx sera présente le 14 oc­ tobre 2020 à la Conférence de Diaconie de Berne. Cette année, la conférence s’occupera du thème «Niemand nur für sich allein – sorgende Gemeinschaft und Kirche» («Personne n’est laissé seul – communautés de soutien et Eglise»). Les membres des conseils de paroisse sont invités, avec le personnel du secteur Dia­ conie. Pour de plus amples informations: Tel. 031 340 25 66, sozialdiakonie@refbejuso.ch comme une possibilité de se concentrer sur l’es­ sentiel et de trouver le calme, la sérénité et la paix. Une prière simple comme «Seigneur, fais-moi miséricorde» ou «L’amour qui m’entoure» suffit. Sabine Bobert invite à s’engager tout entier et avec ouverture dans la vie et en Dieu. «L’expérience mystique suppose que l’on s’est libéré des bar­ rières, des sentiments comme la haine, la peur, la colère, la jalousie, la torpeur et le doute», écrit-elle. De tels sentiments nous éloignent des autres et de nous-mêmes. Ils nous coupent du centre de notre être et de Dieu. Lorsqu’il est temps de marquer une pause, en vacances, lors d’une maladie ou durant la vieillesse, les vieux fantômes peuvent se réveiller. «Mais ils ne veulent pas nous faire peur; au contraire, ils veulent enfin partir à la retraite», écrit Brigitte Hieronimus dans son livre «Mut zum Lebenswandel» («Le courage de changer sa vie»). Elle parle d’eux comme des acteurs du change­ ment: ils nous aident à percevoir à nouveau ce qui est bloqué en nous et à nous réconcilier avec nous- mêmes, malgré les difficultés de la vie. Pouvoir accompagner des gens dans ce processus est un grand privilège pour les forces pastorales de l’Eglise et de la diaconie, qu’elles soient profes­ sionnelles ou bénévoles. Evidemment, comme pour le travail hospitalier, cela requiert formation et supervision. Comment les paroisses peuvent-elles contribuer­ à une culture de la bienveillance envers la vieil- lesse? Avant tout, il s’agit de valoriser les aînés qui se réunissent et s’engagent au sein de la paroisse. Malheureusement, il existe toujours une attitude un peu méprisante à leur égard. Les valoriser, c’est accueillir et soutenir leurs préoccupations et leurs idées. C’est ainsi que naissent les réseaux, des «Leih-Omas» («Grand-mamans de substitution») aux promenades en commun en chaises roulantes ou en déambulateurs, auxquels d’autres personnes ont aussi recours. Le premier pas en direction d’une communauté de soutien est fait lorsque les paroisses n’oublient pas les personnes qui ont be­ soin de soins, celles qui ne peuvent plus venir à cause de leur maladie, et lorsqu’elles mettent sur pied des services de visites bien connectés. Bien sûr, il serait aussi important de concevoir des centres de paroisses accessibles aux personnes à mobilité réduite, lancer des invitations pour des repas de midi hebdomadaires, collaborer avec les conseils en matière de soins; mais tout cela se développe du moment que l’on questionne les aînés sur leurs expériences et leurs idées. Pourquoi ne pas aussi organiser une fois par mois un cinéma dans un bâtiment de l’Eglise? Ah oui, le premier pas, c’est bien de changer sa propre vision de la vieillesse.

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