ENSEMBLE Nr. / N° 47 - April / Avril 2020

26 Fokus —– ENSEMBLE 2020/47 d’éthique de l’Institut de théologie systématique de l’Université de Berne. Ses remarques très inspi­ rantes et ses réflexions sur la justice telle qu’elle pourrait être comprise en lien avec les formes de vie queer ont porté les échanges. M. Wirth fait dé­ couler de l’idée de justice les notions de tolérance, d’aptitude au compromis, de sensibilité au contexte et de volonté de réconciliation. Il estime que la réalisation de ces valeurs conduit à l’épa­ nouissement de la vie («human flourishing»), alors que le contraire produit intolérance et inimitié. «Beaucoup peuvent considérer qu’il s’agit d’une réaction inappropriée aux groupements sociaux qui prônent la responsabilité des uns à l’égard des autres.» Selon le théologien, la famille est un lieu où l’on expérimente le fait d’être soutenu et où, par ailleurs, il faut assumer son devoir et remplir des exigences qui ne sont pas à la portée des per­ sonnes extérieures à la famille, en référence au «convivere» de la Genèse. Ce «convivere» serait d’une importance capitale pour l’humain: «Mettre l’accent sur l’exclusivité de la pratique du ‹convi­ vere› telle qu’elle est vécue au sein de la famille nucléaire fait de la vie un problème existentiel pour les personnes queer et leurs familles.» Dans un des groupes de discussion, il a été souligné que l’amour, la responsabilité et l’enga­ gement qui unissent deux personnes devraient l’emporter sur le genre et la sexualité. Selon cer­ tains, les fantasmes sur la sexualité queer expli­ queraient peut-être même que beaucoup de dé­ bats aient été détournés ou aient avorté. D’autres ont émis le souhait que les nouvelles manières de d’une femme, et s’appuient sur la Bible et la tra­ dition pour justifier leur point de vue. D’autres ont fait remarquer que le concept de «mariage» ne suffisait plus à recouvrir les modèles de commu­ nauté de vie actuels: «Faut-il trouver un autre terme pour remplacer ce concept très réformé?» En s’inspirant des propositions de la théoricienne queer Judith Butler, on pourrait penser à des no­ tions aussi centrales que le souffle, le désir, l’amour ou la vie. Un autre groupe s’est exprimé en faveur d’une compréhension plus large du mariage, visant les «relations au sens large» et prônant «une compré­ hension du mariage indépendante de la reproduc­ tion et de la sexualité». «Libérez le mariage!», pouvait-on lire sur leur tableau, un slogan assorti de l’appel à considérer le «cœur guérissant du ma­ riage», qui est la responsabilité mutuelle des par­ tenaires, à le renforcer et à le nourrir. D’autres enfin ont mis en garde contre le refus d’une bénédiction. Constatant la baisse constante du nombre de mariages, ils ont appelé à se réjouir à chaque nouvelle demande: «Si deux personnes souhaitent une bénédiction, c’est qu’elles ont un projet commun.» L’homosexualité, souvent en prise avec le regard d’autrui, est source de condam­ nation et d’exclusion. «Heureusement, Dieu seul nous sauve!», a martelé ce groupe. Que signifie l’équité? Les discussions en groupe ont été précédées par un exposé introductif de Mathias Wirth, professeur de théologie et directeur du département Même amour, mêmes droits: un rassemblement devant le Parle- ment fédéral à Berne en 2019 appelle à la re­ connaissance par l’Etat du mariage pour tous. Gleiche Liebe, gleiche Rechte: Eine Kundgebung fordert 2019 vor dem Bundeshaus in Bern die staat­ liche Anerken- nung der Ehe für alle. ©Keystone /Anthony Anex

RkJQdWJsaXNoZXIy Mjc3MzQ=