ENSEMBLE Nr. / N° 48 - Mai / Mai 2020

20 Dossier —– ENSEMBLE 2020/48 Prendre soin d’autrui, c’est du «care». Et c’est aussi, la motivation qui pousse de nombreuses personnes à s’engager bénévolement au sein de leurs paroisses. Rendez-vous avec Anne- Claude Slongo, collaboratrice socio-diaconale en charge des migrants francophones à la paroisse de l’Eglise française de Berne, pour parler de son expérience. Par Maria Vila En quoi consiste le bénévolat dans votre paroisse? Il s’agit principalement d’un engagement de paroissiens pour les paroissiens. Il y a beaucoup de soutien pour les personnes âgées, un petit groupe de bénévoles pour la migration et des personnes qui aident dans le cadre des cultes ou des célébrations. A l’Eglise française, le bénévolat est très important. C’est une communauté petite, mais très vivante. Qui sont ces personnes et quelles tâches de care accomplissent-elles? Ce sont avant tout des retraités, mais aussi quelques jeunes pour le catéchisme. Et ce sont majoritairement des femmes, dont beaucoup ont eu une carrière professionnelle auparavant. Elles apportent, entre autres, de l’aide de proximité, rendent visite aux personnes âgées ou s’occupent des loisirs. Pour ce qui est de la migration, nous avons une personne qui fait la comptabilité d’un projet, une autre qui donne un cours hebdoma­ daire d’allemand, aidant ainsi à l’intégration, et quelques bénévoles qui me soutiennent dans les rencontres avec les femmes. Les migrants de votre paroisse, fournissent-ils aus- si du travail bénévole? La majorité des migrants qui viennent ici sont des personnes dans des situations très précaires ayant besoin d’aide sociale. La plupart ne font pas de bénévolat, mais donnent un coup de main lorsque nous organisons des rencontres. Il y a tou­ tefois quelques femmes migrantes qui jouent un rôle important de soutien auprès des jeunes im­ migrés. Voyez-vous ce travail bénévole comme quelque chose de positif ou, plutôt, comme le résultat d’un manque de financement des services à la personne? Dans l’Eglise française, je pense qu’il s’agit d’un travail enrichissant. Les rencontres avec les mi­ grants permettent, par exemple, un échange culturel. C’est donnant-donnant. On veille à ce que les gens le fassent par plaisir. Nous ne remplaçons pas une institution. Mais, je crois que dans notre société on attend beaucoup trop, notamment des femmes, qu’on fournisse du travail bénévole alors qu’il s’agit de prestations qui devraient être recon­ nues du point de vue économique. Ce n’est pas normal que l’économie soit aussi focalisée sur la production de biens matériels et qu’on laisse les services à la personne aux bénévoles. De mon cô­ té, je ne vais pas encourager une personne jeune, en particulier une femme, à dispenser ces services sans rémunération sur le long terme. Y a-t-il une reconnaissance de ce travail? Est-il indemnisé? A mon avis, plus le travail est accompli par des dames plus il est invisible. Nous devons répertorier toutes les heures de travail bénévole, mais ce n’est pas évident quand on estime qu’il va de soi que ces prestations soient fournies gratuitement. Nous n’indemnisons pas les bénévoles, mais nous faisons de temps à autre une fête, une sortie ou de petits cadeaux. Que faudrait-il améliorer? Un grand problème du bénévolat dans l’aide aux migrants c’est que ce sont essentiellement des femmes, alors qu’il y a de jeunes hommes qui auraient besoin d’un exemple masculin, d’une image paternelle. Il faudrait donc motiver les hommes fraîchement retraités à s’engager. C A R E E T B É N É V O L A T Un binôme souvent féminin «Femmes d’ici et d’ailleurs»: rencontre inter- culturelle au sein de la Paroisse catholique de langue française de la Trinité à Berne. ©Anne-Claude Slongo

RkJQdWJsaXNoZXIy Mjc3MzQ=