ENSEMBLE Nr. / N° 48 - Mai / Mai 2020

9 ENSEMBLE 2020/48 —– Dossier domaines de la politique. On peut également mettre dans le lot les interventions militaires au service d’un accès sécurisé aux ressources. La dépendance actuelle à l’égard des ressources bon marché est aussi dangereuse pour la nature que pour les humains et l’économie elle-même. Cependant, renoncer à la réduction artificielle des prix ne garantit toujours pas que le prix pra­ tiqué soit correct. Pour parvenir au prix correct, il est indispensable de recourir aux instruments appropriés en matière de politique climatique, énergétique et des transports. Certes, cette exi­ gence ne remonte pas aux origines, mais malheu­ reusement elle est plus actuelle que jamais. En quarante ans de politique climatique, la commu­ nauté internationale n’a pas réussi à enrayer une seule des tendances écologiques néfastes et nuisibles à la vie. Et ces tendances ne cessent de s’amplifier. Résonance et soin Pourtant, en raison de la contrainte systémique à la croissance inhérente au système moderne de la monnaie et du crédit, toute bonne intention de verdir l’économie semble s’envoler. Il faudrait avant tout interroger les causes de la croissance imputables aux décisions politiques. Il a déjà été question de la politique des ressources centrales bon marché. A cette politique s’ajoutent une série de prestations de services sociaux, qui reposent sur la croissance et en dépendent, comme le sys­ tème de sécurité sociale: bien pensé à l’origine, il doit être totalement revu. La croissance, surtout en Europe après la Seconde Guerre mondiale, a longtemps constitué un moyen important de pacification des sociétés. Néanmoins, face aux inégalités croissantes, cette fonction s’érode. Toutefois, une «vie bonne pour tous» réclame bien plus que de simples réformes au sein de l’éco­ nomie de marché et exige de nouveaux modes d’activité économique. Une vie bonne pour tous prend en compte les multiples facettes de la société, qui peuvent être comprises comme des lieux créateurs de valeur et de sens: voisinage, quartier, école, paroisse, «ville en transition», etc. Tout ce qui concourt à une vie réussie ne peut être garanti que dans une moindre mesure par l’éco­ nomie, au sens classique du terme. Quels sont les ingrédients d’une vie bonne? Deux notions clés me semblent très prometteuses: la résonance et le soin. Contrairement aux rap­ ports qui règnent sur le marché, où des biens et des prestations de service sous forme de marchan­ dises sont échangés entre les personnes, c’est la relation interpersonnelle immédiate qui compte dans la «care economy». D’ailleurs, dans les sciences économiques, la voix de cette «care eco­ nomy» est devenue tout à fait audible. ©Keystone /dapd /David Hecker La «politique des ressources princi­ pales bon marché» favorise une écono- mie qui va à l’en­ contre des objectifs du développement durable. Die «Politik der billigen Zentral­ ressourcen» fördert eine Wirtschaft, die den Zielen für nachhaltige Ent- wicklung entgegen- steht.

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