ENSEMBLE Nr. / N° 49 - Juni / Juin 2020

14 Dossier —– ENSEMBLE 2020/49 Devons-nous chercher d’autres possibilités de contact? Tobias Rentsch: Pendant les études, nous avons appris que les actes ecclésiastiques étaient le prin­ cipal lien avec les membres dits «distancés» et qu’ils contribuaient à maintenir les personnes dans l’Eglise. Mais je trouve qu’il y a beaucoup d’autres possibilités d’entrer en relation avec les gens en tant qu’Eglise. Nous l’essayons avec le «Bar de l’improbable», où de très nombreux contacts s’établissent, aussi avec des personnes qui ne sont pas membres d’une Eglise ou appartiennent à une autre communauté religieuse. Henriette Cann-Guthauser: Je dirais aussi que nous ne pouvons pas sauver l’Eglise multitudiniste rien qu’avec les actes ecclésiastiques. Les per­ sonnes distancées ne retourneront pas plus sou­ vent au culte à cause d’un beau mariage ou d’un enterrement émouvant. Mes champs de mission sont ailleurs. Cela ne signifie pas que je prends moins au sérieux les actes ecclésiastiques. Mais il existe des points de contact plus fructueux. Il y a de plus en plus de célébrantes et célébrants de rituels laïcs. Les considérez-vous comme une concurrence ou collaborez-vous avec eux? Henriette Cann-Guthauser: Pour moi, c’est un phénomène ambivalent. D’une part, comme je ne peux pas offrir à tous les gens ce qui leur corres­ pond, cela me décharge. Mais d’autre part, notre aspiration, en tant qu’Eglise nationale, à trans­ mettre notre message à tous les humains, à les consoler et célébrer avec eux est ainsi remise en question. Tobias Rentsch: Je reçois régulièrement des demandes de personnes qui hésitent entre une pasteure de l’Eglise nationale ou un célébrant de rituel laïc. Durant l’entretien, elles testent ce que j’ai à proposer. C’est clairement une situation de concurrence. Mais je l’accepte sportivement et tente de montrer que mon offre est la meilleure. Si elles optent pour une célébrante de rituel laïc, je ne le prends pas personnellement. Ces dernières années, les actes ecclésiastiques se sont beaucoup individualisés. En tant que pasteu- res et pasteurs, nous devons forcément être à l’écoute des différents souhaits. Comment ressen- tez-vous cette individualisation? Tobias Rentsch: J’ai déjà organisé des mariages et un service funèbre en montagne ou à la ferme. La seule limite pour moi est théologique: je suis un pasteur réformé et propose un culte réformé. Si les désirs spécifiques d’un couple devaient m’empêcher de célébrer un culte «dans les règles», je n’accepterais pas le mandat. Mais cela n’est en­ core jamais arrivé. J’essaie de satisfaire au mieux les désirs exprimés. Henriette Cann-Guthauser: Je me conçois comme une «Verbi Divini Ministra», une servante de la Parole de Dieu. Tant que je peux remplir cette mission, j’accepte les désirs individuels. Cepen­ dant, je constate qu’aujourd’hui, beaucoup consi­ dèrent les actes ecclésiastiques avant tout comme une affaire de famille et non comme une célébra­ tion de la paroisse. Je trouve important que le baptême soit intégré dans un culte de la commu­ nauté. Car je conçois le baptême des enfants non seulement comme un rite de bénédiction et de remerciement, mais aussi comme un rite d’accueil dans la communauté chrétienne. Sans la présence de la communauté, le baptême a peu de sens. Pour les enterrements aussi, j’encourage à choisir un service funèbre public. Vous dites que le baptême devrait être célébré lors d’un culte de la communauté. Entendez-vous par «communauté» la «paroisse»? Henriette Cann-Guthauser: Je pense qu’on re­ trouve ici plusieurs notions de la communauté. L’assemblée présente lors d’un baptême comprend en premier lieu la famille et les proches, mais aussi les personnes qui soutiennent notre vie ecclésiale par leur engagement régulier. Dans certaines Eglises chrétiennes, le baptême se déroule en-­ dehors du culte de la communauté. De mon point de vue, cela sous-entend une autre conception du baptême. Ce qui me pose personnellement des Tobias Rentsch «Je trouve difficile lorsque les offres d’actes ecclésiastiques ne sont ouvertes qu’aux membres de l’Eglise.» ©zVg

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