ENSEMBLE Nr. / N° 50 - Juli / Juillet 2020

16 Dossier —– ENSEMBLE 2020/50 confirmation. Le baptême renvoie à la confirma­ tion, la confirmation implique le baptême. On maintient ainsi le lien entre les deux célébrations, mais avec une plus grande flexibilité. La convic­ tion que le baptême et la confirmation sont deux rituels chrétiens publics auxquels chacune et cha­ cun est invité. Le baptême s’entend comme un rite d’accueil dans l’alliance de Dieu et dans la com­ munauté chrétienne, la confirmation comme la célébration publique de la majorité religieuse du confirmant ou de la confirmante, de l’affirmation de son appartenance à la communauté chrétienne et de la bénédiction divine. Il est évident que les deux rituels font partie de l’existence chrétienne réformée, mais ils ne sont pas indissociables. Il est difficilement conce­ vable qu’une personne veuille faire partie de la communauté chrétienne sans l’annoncer au cours de la célébration publique du baptême. Et qu’une personne baptisée dans son enfance rejette la cé­ lébration de sa majorité religieuse. A l’inverse, il est facile d’imaginer que la question du baptême entre en ligne de compte lorsque la célébration de la majorité religieuse et l’affirmation consciente de l’appartenance à la communauté des croyants est abordée. Participer à l’une des deux célébra­ tions conduit à ce que l’autre prenne tout son sens. Ce «lien intime» du baptême et de la confirma­ tion existe dans la mesure où les deux rituels sont des formes d’expression centrales au sein de l’Eglise réformée. Si par la proclamation et la for­ mation, l’Eglise réussit à transmettre la significa­ tion de ces deux célébrations, leur interrelation apparaît clairement. Et si le rapport théologique ne saute pas aux yeux, alors les règlements juri­ diques ne serviront à rien. L’appropriation personnelle du baptême La question de l’appropriation personnelle du bap­ tême est depuis longtemps un thème essentiel de l’Eglise réformée suisse. Cette dernière est toujours plus consciente que ce processus s’accomplit non seulement au sein de la famille, lors de la célébra­ tion du culte ou au catéchisme. Dans le canton d’Argovie, la pédagogie de la religion s’entend «du baptême...  au baptême», au sens d’acte d’appro­ priation. Ce qui montre que l’importance de la confirmation n’est pas limitée à cette dernière. Indépendamment de l’acception de la confirma­ tion, notre Eglise connaît déjà des «actes confir­ mants». En accomplissant ces actes, les paroisses aident les jeunes en tant qu’individus dotés de leur propre foi, en leur accordant encore et tou­ jours le grand Oui de Dieu. Règlement ecclésiastique Le Règlement ecclésiastique permet de dissocier baptême et confirmation même s’il n’est pas exempt de contradictions à cet égard. Il met le baptême des enfants et celui des adultes sur un pied d’égalité (art. 35 al. 1). Si l’on veut garantir la liberté pour le baptême des adultes et que l’on considère que l’article sur le sens de la confirma­ tion nomme exclusivement des significations qui ne dépendent pas du baptême alors, le baptême comme condition à la confirmation apparaît comme vide de sens. Le groupe de travail sur la catéchèse propose donc de réviser l’art. 63 al. 2 sur les conditions à la confirmation: «Les membres non baptisés de l’Eglise peuvent confirmer. La préparation à la confirmation aborde le sujet du baptême comme dimension centrale de la foi chrétienne.» Cette formulation abolit la relation conditionnelle entre baptême et confirmation et jette à la place les bases pour que tous deux soient abordés au caté­ chisme et lors de la préparation à la confirmation dans la logique de ce qui les unit. Confirmation, mais… de quoi? Matthias Zehnder *– Quelques mois avant les confirmations, ma secrétaire m’indique qu’il manque les informations du registre des baptêmes pour certains catéchumènes. C’est là que les col­ lègues et moi prenons tout à coup conscience que nous avons «zappé quelque chose». Dans ce type de situation, nous essayons d’organiser un baptême avant la confirmation d’entente avec les jeunes et leurs parents. Mais souvent, c’est trop tard. Il m’est arrivé de faire des exceptions pour «motifs d’accompagnement spirituel» et d’ouvrir la confirmation à des non-baptisés. A mes yeux, un baptême coûte que coûte, à la va-vite, ôte de sa valeur à l’acte sacramentel. En tant que Réformés, nous devrions éviter à tout prix d’associer le baptême à un geste un tant soit peu contraint. Je me suis aussi toujours demandé: quand un jeune qui n’est pas baptisé confirme, que confirme-t-il? Pour moi, le baptême et la confirmation sont bien plus liés que ne le considère le Règlement ecclésiastique. Etant donné qu’il y a de plus en plus d’enfants catéchisés qui n’ont pas été baptisés, sans distinc­ tion ville-campagne, je pense que le concept d’une seule et unique célébration – baptême des jeunes non baptisés et confir­ mation des jeunes baptisés – a de l’avenir. * Pasteur à Wasen D’un point de vue théologique, le baptême prime résolument sur la confirmation.

RkJQdWJsaXNoZXIy Mjc3MzQ=