ENSEMBLE Nr. / N° 53 - November / Novembre 2020

15 ENSEMBLE 2020/53 —– Fokus Cette initiative permet de clarifier les attentes envers les multinationales à l’aide d’un cadre juridique clair, qui placera toutes les entreprises sur un pied d’égalité. Or, cela est bénéfique pour l’économie suisse: il n’est pas correct que certaines multinationales profitent d’un avantage concur­ rentiel grâce à leurs pratiques abusives. La plupart des grands groupes basés en Suisse ont déjà mis en place des mécanismes pour veiller au respect des droits humains dans leurs filiales. Pour celles- ci, il n’y aura donc aucune contrainte supplémen­ taire. Il s’agit juste de placer des garde-fous autour de certaines pratiques inacceptables. Ne risque-t-on pas de voir certaines multinatio- nales quitter le pays? Comme la plupart des entreprises font déjà des affaires de manière responsable, elles n’ont rien à craindre de l’initiative. D’autre part, il faut savoir que des réglementations similaires existent déjà dans d’autres pays depuis plusieurs années. Par exemple, la France s’est dotée d’une loi analogue depuis 2017. La Grande-Bretagne et les Pays-Bas ont également légiféré en ce sens. Or, dans tous ces pays où les multinationales peuvent déjà être tenues pour responsables de ces pratiques abu­ sives, aucune d’entre elles n’a quitté le territoire par crainte d’une telle législation. Les opposants jouent sur les peurs des citoyens pour les déstabi­ liser. Mais en réalité, avec l’initiative, la Suisse demeurera une place attractive pour les multina­ tionales. Nous devons rattraper notre retard en Suisse, et nous aligner sur les législations des pays voisins, qui se sont déjà penchés sur le sujet depuis longtemps, souvent avec des normes bien plus restrictives que ce que prévoit l’initiative. Pourquoi le contre-projet du Parlement n’est-il pas suffisant? Le contre-projet est une coquille vide, un simple alibi. Il contient uniquement une obliga­ tion pour les grandes entreprises de publier une brochure sur papier glacé chaque année. Cela n’est pas suffisant. Ces brochures ne seront qu’un élé­ ment marketing de plus pour les multinationales, qui pourront y faire figurer ce qu’elles veulent. Alors qu’en cas de dommage, le contre-projet ne prévoit aucun moyen de rendre la multinationale responsable de ses actes. En bref, les abus resteront sans conséquence. Cette solution ne permet donc pas de mettre un terme aux pratiques non conformes de certaines multinationales, et c’est pourquoi l’initiative est absolument nécessaire. Pourrait-on se baser sur des mesures volontaires pour faire respecter les droits humains? Cela fait des années que des scandales liés à des multinationales suisses sont régulièrement rendus publics dans la presse sans que rien ne change. Glencore intoxique des enfants au plomb avec une mine au Pérou, LafargeHolcim porte atteinte à la santé de villageois avec sa cimenterie au Nigeria, Syngenta empoisonne des paysans avec un pesti­ cide toxique interdit depuis longtemps chez nous. Les mesures volontaires mises en avant par les mul­ tinationales ne fonctionnent donc pas. Nous avons besoin d’un cadre légal clair pour mettre un terme à ces agissements inacceptables. Tout comme la prétendue «main invisible» censée réguler naturel­ lement le marché, l’autocontrôle dans ce domaine est un leurre: pour ces entreprises, la rémunération des actionnaires prime sur toute autre considéra­ tion. Il en va de la réputation de qualité des entre­ prises suisses. Cette qualité est un symbole fort de la Suisse, et ne doit pas être affaiblie par les pra­ tiques inacceptables de certains mauvais élèves. Cette initiative protège donc à la fois les droits des populations impactées à l’étranger, mais également la réputation de l’économie suisse. www.entreprises-responsables.ch Pour une économie responsable Les Eglises réformées Berne-Jura-Soleure soutiennent les reven­ dications formulées dans l’initiative pour des multinationales responsables. Elles sont convaincues que l’acceptation de l’initiative permettrait de disposer d’un instrument efficace de protection des droits des personnes défavorisées dans le Sud et qu’il est dans l’intérêt des entreprises responsables qu’une réglementation contraignante régisse l’action économique. ©Verein Konzernverantwortungsinitiative Les multinationales opèrent souvent dans des pays touchés par la corruption et où les personnes concer- nées n’ont pas accès à la justice: toujours d’après «The Corporate Report». Konzerne agieren häu- fig auch in Ländern, die von Korruption betroffen sind und in denen Betroffene kei- nen Zugang zur Justiz haben: Filmstill aus «Der Konzern-Report».

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