ENSEMBLE Nr. / N° 53 - November / Novembre 2020

8 Dossier —– ENSEMBLE 2020/53 torage doit permettre d’élaborer la future poli- tique religieuse du canton. C’est une base pour prendre les bonnes mesures. D’abord, il faut établir des contacts et constituer une carte digitale des religions pour visualiser la diversité du paysage religieux cantonal. Ensuite, il faut produire un descriptif des communautés religieuses et des prestations d’intérêt public qu’elles fournissent, ce qui relève aussi de l’examen de l’inégalité de traitement mentionnée dans le rapport de syn- thèse «Analyse de la politique religieuse du canton de Berne» (2017). Voulez-vous intégrer toutes les communautés religieuses de droit privé dans un seul réseau? Pensez-vous inclure des communautés fondamen- talistes, la scientologie ou le Conseil central isla- mique suisse, par exemple? Oui, pour autant qu’une communauté respecte la loi et la Constitution, j’aimerais qu’elle sache que je suis prêt au dialogue. Le fait d’échanger, de mieux se connaître, contribue à lutter contre le développement de microcosmes parallèles et donc à préserver la paix sociale. Beaucoup d’associations musulmanes ne sont pas au clair sur le but du monitorage des religions. Elles pensent être sous le coup d’un soupçon généralisé et être surveillées. Comment allez-vous lever les doutes et créer de la confiance? Le monitorage doit contribuer à plus de visi- bilité et à une meilleure compréhension mutuelle. Mes expériences dans la collaboration interreli- gieuse m’ont appris que les rencontres person- nelles sont essentielles pour générer de la confiance. Certains cantons ont déjà des tables rondes des religions, auxquelles il arrive que l’Etat participe. Un tel organe est-il envisageable dans le canton de Berne? Oui, nous réfléchissons à des événements in- terreligieux centrés sur un champ d’action spéci- fique, tel que l’école ou l’aumônerie, à l’occasion desquels nous pourrions inviter les personnes impliquées. Si nous voulons que les communautés du canton et les thématiques religieuses soient représentées dans toute leur diversité, nous de- vons organiser plusieurs forums avec différents partenaires. Il ne s’agit en aucun cas pour nous de concurrencer les plateformes de rencontres inter- religieuses. Au contraire, nous voulons coordonner notre action et ce qui existe déjà. Votre autorité entend également recenser les pres- tations d’intérêt général fournies par les commu- nautés religieuses. A quelles prestations pensez- vous? L’accent est mis sur les prestations d’intérêt général, notamment le travail enfance et jeunesse, les offres de conseil aux couples et aux familles, aux seniors, aux personnes en situation de handi- cap ou de pauvreté, ou encore les prestations dans les domaines de l’aumônerie ou de la migration. Nous aimerions mieux savoir dans quelle mesure les communautés religieuses de droit privé, paral- lèlement aux Eglises nationales, fournissent des services qui contribuent à la solidarité sociale, à la transmission des valeurs fondamentales, à la paix interreligieuse, à l’éducation religieuse et à la sauvegarde de la culture. Nous voulons avoir une image plus précise de la situation et contri- buer à mieux faire connaître l’existence de ces services et à préserver la bonne réputation dont ils jouissent. Pour ce dossier d’ENSEMBLE, nous avons interrogé quatre communautés religieuses de droit privé sur leurs attentes à l’égard de l’Etat et de la société. Que répondez-vous à celles qui attendent de l’Etat un soutien financier? Aujourd’hui, il n’existe pas de base légale réglant le financement de prestations fournies par des communautés de droit privé. Les fonds publics octroyés aux Eglises nationales le sont sur la base de droits historiques et financent des prestations d’intérêt général. A long terme, cette inégalité de traitement ne peut pas se justifier. Certaines communautés de droit privé ont indiqué qu’elles souhaiteraient avoir des aumônières ou aumôniers dans des institutions cantonales, par exemple dans les hôpitaux et les prisons, mais que les qualifications requises rendaient souvent les embauches difficiles. Les institutions publiques embauchent du per- sonnel hautement qualifié. Toutefois, à mon avis, cela ne signifie pas que tout le monde doive ab- solument avoir les mêmes diplômes universitaires. Cela fait-il vraiment sens qu’un moine bouddhiste, qui est depuis dix ans en formation dans un mo- nastère et qui est la personne de référence pour l’aumônerie dans sa communauté de foi, doive présenter un diplôme de master? Il faudrait tendre vers une lecture différenciée des parcours et éva- luer les candidatures à la mesure de la formation accomplie, de la compétence linguistique et de l’expérience en mettant tout cela en balance avec les besoins du public cible de la prestation. Les «Les rencontres personnelles sont essen- tielles pour générer de la confiance.»

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