ENSEMBLE Nr. / N° 57 - April / Avril 2021

12 Doss i er —– ENSEMBLE 2021 /57 La délégation aux questions de genre Refbejuso s’engage depuis longtemps en faveur de l’égalité. Créée en 1979, la commission aux affaires féminines a été remplacée en 2003 par la délégation aux affaires féminines. La Déléga­ tion à la question des genres a ensuite pris le relais en 2011. Avec celle-ci, Refbejuso a intro­ duit une stratégie politique de soutien à l’éga­ lité des genres qui se caractérise par une ap­ proche intégrée de la dimension de genre, allant au-delà d’une politique des questions féminines et d’égalité. Cette approche entend placer au centre de l’attention tant les femmes que les hommes, leurs situations et leurs inté­ rêts différents – un complément important à la politique de promotion des femmes. Car la délégation pour les questions de genre de Refbejuso a pour but non seulement d’intégrer les intérêts et les compétences des femmes à la vie professionnelle de tous les jours et à la pratique ecclésiale; elle entend aussi en faire bénéficier les hommes. En 2014, la remise du label «Famille et profession» fut une étape- clé pour Refbejuso. Le label de qualité distingue des institutions ayant des conditions d’em­ bauche et de travail favorisant l’égalité et la vie familiale. Il les contraint à élaborer tous les trois ans des nouveaux objectifs et de nouvelles me­ sures de soutien à la conciliation de la vie pro­ fessionnelle et familiale dans le cadre d’un plan d’action. Depuis 2014, Refbejuso a ainsi soutenu la conciliation entre le travail rémunéré et les soins aux proches, optimisé les règles en cas de suppléance, et sensibilisé les paroisses quant aux possibilités d’assurer auprès de la caisse de pension des collaborateurs ayant un faible taux de travail. En 2020, l’accent a été mis sur la pré­ paration d’un profil de conduite, un modèle qui doit renforcer la culture organisationnelle et directionnelle au sein de Refbejuso suivant le slogan de l’idée directrice de la Vision «Fortifier l’individu – rechercher la communauté». Refbejuso soutient par ailleurs chaque an­ née sur son territoire ecclésiastique des projets en lien avec l’égalité et les genres lors de leur phase de développement, au moyen de contri­ butions financières uniques. www.refbejuso.ch/fr/activites/strategie-en- matiere-de-genre à l’Eglise un autre visage, elles se conçoivent da­ vantage comme des coéquipières, estiment que leur tâche est plutôt d’accompagner qu’instruire. Les femmes jeunes en particulier, qu’on a la chance de voir et d’entendre souvent dans les mé­ dias sociaux, contribuent à changer la perception de l’Eglise dans l’opinion publique. On pourra le voir à la fête nationale de cette année avec l’action «Helvetia prêche!»: des femmes engagées en Eglise lancent un appel pour que la prédication du dimanche leur soit confiée. Les femmes apportent-elles d’autres contenus à la vie ecclésiale, une autre théologie? La pré­ sence d’une femme dans la chaire ne garantit évi­ demment pas que les enseignements de la théo­ logie féministe seront mentionnés dans la prédication ou que les fidèles seront interpellés dans un langage épicène; de même, la question de l’égalité n’est pas toujours prioritaire pour une femme à une direction ecclésiale. Cependant, ce sont en majorité des femmes qui proposent et font avancer ces sujets. Lors des manifestations du jubilé de la Ré­ forme, Zwingli, Luther, Calvin, etc. ont été célébrés dans tout le pays. Si Katharina von Bora, Katharina von Zimmern ou Marie Dentière ont aussi été par­ fois évoquées et que l’on sait quelque chose d’elles et de leurs contributions à la Réforme, on le doit surtout à des femmes – même si c’est un homme qui, avec son film Zwingli, nous a sensibilisés au rôle considérable que Katharina von Zimmern, abbesse du Fraumünster, et Anna Reinhardt, épouse de Zwingli, ont joué dans la réforme zuri­ choise. Il est important d’avoir des femmes comme modèles. L’élection de Rita Famos en tant que pre­ mière présidente de l’EERS est un signal d’une valeur inestimable pour l’égalité dans les Eglises. Ce succès, obtenu à la deuxième tentative, montre qu’il vaut la peine de persévérer. De même, Refbe­ juso a élu pour la première fois une femme à sa présidence avec Judith Pörksen Roder. L’élection d’Evelyne Borer à la succession de Verena Enzler à la tête de l’Eglise soleuroise 2019 était aussi une nouveauté, mais d’un autre genre: jamais jusqu’ici une présidente avait succédé à une autre dans une grande Eglise suisse. Une fois le devoir accompli avec l’élection d’une femme, on s’empressait d’élire à nouveau un homme. On pouvait revenir en quelque sorte à l’ordre du jour. A Soleure, l’ordre du jour a été changé. Il est temps que les autres Eglises en Suisse fassent de même. Les femmes donnent à l’Eglise un autre visage.

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