ENSEMBLE Nr. / N° 57 - April / Avril 2021
24 Doss i er —– ENSEMBLE 2021 /57 É G L I S E M O N D I A L E Engagée contre les violences sexuelles beaucoup de pays et d’Eglises, les femmes luttent encore pour acquérir une éducation qui leur per mettrait de jouer un rôle au sein de leur commu nauté religieuse. Au sein du COE, où elle a été élue présidente du Comité central en 2013, Agnes Abuom s’est for tement impliquée dans le programme de lutte contre les violences sexuelles. «Notre campagne vise à mettre fin au viol et à la violence, notam ment à l’utilisation du viol comme arme de guerre dans les situations de conflit.» Un dialogue a lieu avec les organismes d’application de la loi afin de garantir que les espaces publics de traitement, de signalement, de poursuites et de justice soient exempts d’intimidation. Il s’agit aussi de sensibi liser les communautés, en particulier les femmes et les filles, à la violence et à ce qu’il est possible de faire compte tenu des dispositions légales en vigueur dans un pays comme le Kenya. «Nous tra vaillons par ailleurs avec les chefs et les travail leurs des Eglises pour promouvoir des masculini tés et des féminités positives, notamment par le biais du programme œcuménique de plaidoyers et d’initiatives sur le HIV et le sida.» D’autre part, le COE a lancé la campagne «Jeudis en noir» qui encourage les gens à porter du noir le jeudi afin de promouvoir un monde sans viol ni violences basées sur le genre. Des soutiens Aux yeux d’Agnes Abuom, il est indispensable que les femmes soient présentes à des postes de direc tion au sein de l’Eglise. «L’absence de 51% des femmes à des postes de leadership prenant des décisions qui impactent la vie des fidèles est une grande atteinte à la dignité et aux droits hu mains.» Il n’est pas toujours évident pour une femme chrétienne noire d’être entendue en Afrique, en particulier sur les questions touchant à la justice. «Cela dépend des intérêts de ceux qui écoutent. C’est un processus qui demande une confiance mutuelle et des perspectives communes et partagées.» Au cours de son parcours, Agnes Abuom a pu compter sur le soutien et les prières de sa famille élargie, des membres de l’Eglise anglicane du Kenya et de dirigeants d’autres Eglises, du mouvement des femmes de son Eglise. De nombreux collègues ainsi que les dirigeants du COE, en particulier le secrétaire général, ont également été un grand appui. Enfin, les Saintes Ecritures l’inspirent et lui donnent de l’espoir dans les moments de joie et de peine, mais également en cas de doute. Présidente du Comité central du Conseil œcuménique des Eglises, Agnes Abuom est la première femme et la première Africaine à assumer ce poste au COE. Portrait d’une chrétienne engagée pour la cause des femmes et contre les violences sexuelles. Par Nathalie Ogi Née au Kenya, Agnes Abuom a grandi dans un contexte multiethnique, multilingue et multi-re ligieux. La plupart des membres de sa communau té appartenaient à des religions traditionnelles africaines. Les mutilations génitales y étaient en core pratiquées et, dans certaines communautés ethniques, l’opprobre tombait sur les femmes qui donnaient naissance à davantage de filles. Ces conditions ont sans doute forgé sa sensibilité pour la cause des femmes et l’égalité entre les sexes. «Parmi mes nombreux objectifs, il y avait celui d’obtenir une éducation que ma mère n’avait pu terminer en raison de son sexe et des contraintes financières. Beaucoup de femmes abandonnant l’école, il est devenu important pour moi de de venir un exemple.» Aujourd’hui, de nombreuses jeunes filles kenyanes vont à l’école. Mais dans © Peter Williams / ÖRK Agnes Abuom lors d’une réunion du COE à Genève. Agnes Abuom an einer ÖRK- Tagung in Genf.
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