ENSEMBLE Nr. / N° 60 - Juli / Juillet 2021

24 Fokus —– ENSEMBLE 2021 /60 zaine d’années. De plus, il faut savoir que la pa­ roisse de Moutier ne comprend pas que la ville prévôtoise, mais aussi les communes voisines de Roches, Perrefitte, Belprahon, La Scheulte et Seehof-Elays. Autant de villages qui ne sont pas concernés par le vote et qui resteront arrimés au canton de Berne. Par ailleurs, des pourparlers étaient déjà en cours sur une éventuelle fusion avec la paroisse de Grandval. Ils ont été suspendus avant la votation. Pour les autorités de la paroisse, il s’agit main­ tenant de trouver la meilleure solution, afin de ménager les sensibilités et d’éviter les sorties d’Eglise. «Si nous choisissons un seul camp, il y aura forcément des déçus», souligne encore Jeanne-Lise Ryf. Une rencontre avec l’Eglise du Jura Bien entendu, le conseil de paroisse va rencontrer les autorités de l’Eglise du Jura. «Il s’agit de faire connaissance et d’entamer des fiançailles», ex­ plique Jean Mario Gfeller, membre du Conseil de paroisse de Moutier. Ce juge à la retraite se dit convaincu de la bonne volonté des deux parties, mais il faut que même les plus réticents y trouvent leur compte. «Nous ne voulons laisser personne de côté.» Heureusement, «le temps guéri toutes les blessures». Jean Mario Gfeller est également d’avis qu’il faudra dans un premier temps essayer de s’or­ ganiser en Eglise bi-cantonale. «Nous devons lais­ ser aux futures générations de conseillers de pa­ roisse les meilleures prémices pour poursuivre ce travail de longue haleine», relève le Prévôtois. Quoiqu’il en soit, en intégrant l’Eglise réformée du Jura, la paroisse de Moutier reste dans le giron de l’Union synodale Berne-Jura et continuera par conséquent d’être régie par le règlement ecclésias­ tique de celle-ci. «Des modifications interviendront néanmoins dans le cadre de la législation canto­ nale, avec forcément des implications sur la légis­ lation ecclésiastique», souligne Christian Tappen­ beck, le chancelier de Refbejuso. Les contributions cantonales bernoises aux traitements des ecclé­ siastiques ne pourront plus être automatiquement sollicitées. De même, l’implication dans le Par8 n’est pas non plus assurée. Des solutions sont tou­ tefois possibles pour y remédier. Cela s’effectuerait par exemple par le biais d’une convention qui per­ mettrait le cas échéant de maintenir l’unité de la paroisse, souligne encore le chancelier. Dans le sillage de la première votation sur Moutier en 2017, tant le Conseil de paroisse de Moutier que le Conseil de l’Eglise réformée du Jura, que le Conseil synodal de Refbejuso étaient arrivés à la conclusion que la paroisse de Moutier pouvait continuer d’exister avec une ville de Moutier juras­ sienne et des villages de la couronne restés ber­ nois. «Ce qui compte, ce sont les besoins de la paroisse, on pourrait ensuite trouver des solutions adaptées aux différentes exigences.» Ainsi, dans une paroisse transcantonale, la quotité de l’impôt ecclésiastique devrait être fixée de manière dis­ tincte pour la partie bernoise et la partie juras­ sienne de la paroisse. «Il conviendrait de veiller à ce que la charge fiscale soit à peu près égale que l’on soit membre jurassien ou membre bernois», explique Christian Tappenbeck. Une démarche émanant de la base La paroisse risque-t-elle de perdre beaucoup de membres? Les expériences réalisées avec des pa­ roisses transfrontalières comme Ferenbalm, Chiètre et Morat ou Messen et Oberwil bei Büren sur le territoire de Refbejuso sont positives, estime le chancelier. Les paroisses berno-fribourgeoises jouent un rôle de trait d’union entre les deux Eglises. De même, la structure transfrontalière des paroisses berno-soleuroises n’est en rien un frein à l’épanouissement des communautés paroissiales. «On pourra certainement trouver pour Moutier un cadre institutionnel adéquat qui ne sera en rien un obstacle à toute la remarquable intensité de la vie paroissiale actuelle.» Bien sûr, les quelque 1700 membres de la paroisse seront appelés à se pro­ noncer sur la solution qui leur semble la plus ap­ propriée, une décision qui sera validée par les membres de l’Eglise. «Au sein de l’Eglise réformée, une telle démarche émanant de la base revêt une grande importance.» Philippe Kneubühler, conseiller synodale de Refbejuso et membre de la Fraction jurassienne, estime lui aussi que toutes les options méritent d’être considérées. La question d’une scission éventuelle de la paroisse de Moutier, dont le ter­ ritoire ne recoupe pas celui de la municipalité, est plus complexe. Pour le conseiller synodal, c’est un problème politique, qui devra vraisemblablement être réglé par le Grand Conseil ou le Conseil d’Etat jurassiens. Les exemples des paroisses transfron­ talières avec les cantons de Soleure et de Fribourg sont des cas de figure totalement différents. A Moutier, c’est surtout un travail d’acceptation qui est nécessaire. «Ce ne sera pas facile. Il est impor­ tant de prendre en compte le traumatisme des protestants de Moutier et de les accompagner au mieux dans cette transition.» Mais il s’agit aussi de prendre du recul pour trouver la solution la plus porteuse d’espérance. «Est-il plus judicieux de maintenir le statu quo ou de considérer les po­ La paroisse de Moutier a désormais quatre ans devant elle pour envisager son futur.

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