ENSEMBLE Nr. / N° 61 - September / Septembre 2021

16 Doss i er —– ENSEMBLE 2021 /6 1 R E N C O N T R E «Le mariage est pour tous» Vania et Damiana échangent leurs voeux en septembre. Un pasteur bénira leur union au temple devant une centaine d’invités. Une première à Tavannes (BE). Par Nathalie Ogi C’est une histoire d’amour qui est née il y a cinq ans sur une place de travail. Plus précisément dans un établissement médico-social à Reconvi­ lier, où travaillent Vania, infirmière, et Damiana, alors cuisinière. Les deux jeunes femmes, âgées aujourd’hui respectivement de 36 et 30 ans, se sont rapprochées lors de la fête d’anniversaire de Damiana. Et depuis quatre ans maintenant, elles vivent sous le même toit. Depuis le 26 mars der­ nier, le couple est également uni par un partena­ riat enregistré qui s’est déroulé dans un cadre très intime, en raison des mesures sanitaires. Pour la même raison, la cérémonie religieuse, initiale­ ment prévue au mois d’avril, a été repoussée au 18 septembre. Cet automne, la célébration reli­ gieuse se tiendra donc au temple de Tavannes où officiera le pasteur Reto Gmünder en compagnie de son stagiaire Quentin Jeanneret. «Le pasteur s’est montré très ouvert et même honoré de faire cette célébration», explique Vania. Auparavant, le ministre réformé a tout de même dû demander le feu vert du Conseil de paroisse. Mais ce dernier s’est montré favorable et n’a pas opposé de dis­ cussions à ce projet. Il faut dire que cette béné­ diction au temple de deux partenaires de même sexe est une première pour l’Eglise réformée à Tavannes. «A mes yeux, dès lors que nous vivons en­ semble, il est important de recevoir une béné­ diction», explique Vania. Enfant de Tavannes, elle a été baptisée, a suivi son catéchisme et fait sa confirmation dans le village. Si ces dernières an­ nées la jeune femme s’est un tant soit peu éloi­ gnée de la religion protestante, ne se rendant plus au culte du dimanche, elle conserve tout de même des liens avec l’Eglise puisque sa maman est conseillère de paroisse à Tavannes. Egalement baptisée, Damiana a grandi à Malleray, dans une famille plus éloignée de la religion. Elle n’a pas suivi son catéchisme, mais a accepté cette union à l’église, si importante aux yeux de Vania. Les deux partenaires se réjouissent beaucoup de cette fête qui rassemblera une centaine de per­ sonnes. Rituel des liens La cérémonie est déjà sur papier, avec la chorale, le choix des textes bibliques et d’autres prises de paroles. Il s’agira d’un engagement symbolique, avec le rituel des liens. Les jeunes femmes ne por­ teront pas de robes blanches, mais à leurs yeux il s’agit néanmoins d’une véritable union. Et si le projet de «mariage pour tous» est un jour accepté en votation populaire, le partenariat enregistré de Vania et Damiana pourrait alors bien se conver­ tir officiellement en mariage, au sens du code civil, celui qui unit déjà les couples hétérosexuels qui le désirent. Toutes deux espèrent qu’il en soit bientôt ainsi, comme l’a déjà évoqué la conseillère fédérale Karin Keller-Sutter qui prône les mêmes droits pour tous les couples. Pour Vania, il est important que l’Eglise ouvre la porte et évolue. «J’ai été baptisée dans cette église, j’y ai fait mon école du dimanche, mon catéchisme, ma confirmation. Ma sœur s’est également mariée dans ce temple et par ailleurs je paye mes impôts paroissiaux comme tous les autres paroissiens. Pourquoi est-ce que je n’y serais plus la bienvenue après avoir fait mon coming-out?», s’interroge la jeune femme. Heureusement, l’Eglise de Tavannes a déjà fait son chemin sur la question et a démontré son ouverture. Les deux partenaires sont même fières de leur paroisse et de leur pasteur qui a pris au moins autant de plaisir qu’elles à construire la célébration. Une cérémonie qui leur ressem­ blera. Bien sûr, certains progrès restent à faire, comme sur ces documents officiels de l’Eglise destinés à inscrire la date du mariage où figurent seulement deux colonnes, une pour «elle» et une pour «lui». «J’ai simplement barré le lui et je l’ai remplacé par elle», rit la jeune in­ firmière. Bien acceptées Dans la vie quotidienne, le couple se dit bien ac­ cepté par la société. «Je n’ai jamais rencontré de problème, autant lorsque je travaillais en cuisine, Pour Vania, il est important que l’Eglise ouvre la porte et évolue.

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