1 1 ENSEMBLE 2021 /63 —– Doss i er sistants sociaux, les personnes actives dans l’enseignement ou en Eglise. Dans ces métiers, on a souvent un certain idéal de sa tâche. Pour les pasteurs, il y a aussi la confrontation à la souffrance d’autrui, autour d’un deuil par exemple. En tant que ministre, on a peu d’outils pour aider les gens à aller mieux, contrairement à un psychiatre. Le pasteur, la pasteure écoute. Il ou elle apporte peutêtre une parole biblique, une prière, mais est sinon dans une plus grande impuissance face à la souffrance de l’autre. Comment l’Eglise peut-elle les aider? Dans l’Eglise, un outil existe depuis longtemps: la supervision, soit en groupe, soit en tête à tête. C’est une manière de se décharger. Dans l’Eglise fribourgeoise, on peut se confier au doyen ou à la doyenne des ministres. Le pasteur ou la pasteure a souvent l’impression de devoir donner l’image d’une personne forte, de quelqu’un qui porte la communauté, qui n’a pas droit à la faiblesse. Les cours ensa, cours de premiers secours en santé psychiques, que les Eglises réformées Berne-Jura- Soleure sont les premières Eglises à offrir, vont être étendus à d’autres Eglises réformées. L’idée serait que ces cours puissent être proposées non seulement aux professionnels, mais aussi aux paroissiennes et paroissiens. La dépression est-elle un sujet tabou dans l’Eglise? Ce n’est pas un tabou lorsqu’elle touche des membres de la communauté. Lorsque le personnel de l’Eglise est touché en revanche, j’en suis moins sûre. Suite à la publication de mon livre, plusieurs collègues m’ont spontanément contactée pour me raconter qu’eux aussi ont souffert ou souffrent encore de dépression, et que cela leur faisait du bien de voir qu’ils n’étaient pas les seuls. J’en conclus qu’il y a encore beaucoup de réserves à partager cette réalité entre collègues. à quoi j’accorde mon temps. Il faut que cela ait du sens. Je suis aussi devenue plus sélective dans mes relations. Vous parlez d’une catharsis? Il y a un peu de cela. Avant de tomber malade, ma vie intérieure était comme une ligne plate au niveau émotionnel. Il a fallu enlever de nombreuses couches. A un moment, j’avais l’impression d’un processus de purification avec toutes les souffrances que cela implique. Cela n’avait rien à voir avec le péché ou le fait de me sentir pure ou impure. Il était nécessaire d’enlever les choses pas claires, certaines croyances biaisées, surtout par rapport à moi-même. Et j’ai réalisé un grand travail sur les émotions. C’est comme une purification par le feu. La dépression et le burn-out touchent aujourd’hui de plus en plus de pasteurs. C’est un phénomène qui touche beaucoup de professions sociales, comme les assistantes et asBettina Beer © zVg
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