19 ENSEMBLE 2021 /63 —– Doss i er Ismael Pieren © Adrian Hauser comprendre, par exemple, que ses talents correspondaient davantage à la diaconie qu’à son métier précédent, ce qui lui a ouvert une nouvelle voie qui le rend visiblement heureux. Exploiter les ressources Ismael Pieren est aussi aumônier militaire. Dans cette fonction, il a également rencontré des personnes atteintes de pathologies psychiques qu’il a réussi à aider grâce au soutien de la hiérarchie. Par exemple, un jeune de l’école de recrue souffrait d’une phobie sociale qui s’exprimait surtout dans l’impossibilité à dormir en dortoir: les entretiens ont permis de cerner le véritable problème, puis de trouver une solution en accord avec le supérieur. La recrue a été confiée au service psychopédagogique de l’armée pour un suivi à plus long terme. La solution a consisté à accepter que le jeune homme dorme dans une pièce séparée et ne rejoigne la troupe qu’au réveil. Ainsi, la recrue a pu accomplir son service militaire jusqu’au bout grâce au bon sens de l’aumônier, mais aussi bien sûr grâce à une hiérarchie compréhensive et progressiste. Ismael Pieren n’est pas surpris que des problèmes psychiques apparaissent à l’école de recrue: les jeunes se retrouvent dans une situation nouvelle, n’ont presque plus de sphère privée et sont soumis à une forte pression. Il sait reconnaître et évaluer de telles situations chez lui et chez les autres. Il accorde de l’importance à un bon équilibre entre vie professionnelle et vie privée: il est rayonnant quand il évoque sa famille ou ses sorties en bateau à voile sur le lac de Thoune. Autant de ressources qui renforcent la résilience. en paroisse», dit-il. Il lui semblait donc tout naturel de travailler pour l’Eglise. Mettre les gens dans un bon état d’esprit Il n’a pas encore trente ans et s’est déjà trouvé plusieurs fois aux prises avec la maladie psychique, dans le contexte professionnel mais aussi privé. Durant sa formation au TDS, il a appris à mener des entretiens dans ces situations spécifiques et il vient de suivre également un cours avec Pro Mente Sana pour acquérir des outils supplémentaires afin d’aborder la maladie psychique de manière adéquate et d’avoir les bonnes réactions. Ismael Pieren souligne qu’il n’est pas thérapeute. Il sait déceler les signes de dépression, de compulsions ou de psychose, peut offrir une première écoute, puis orienter les personnes vers les bons professionnels de santé en fonction de leur problématique. Les entretiens doivent être menés avec professionnalisme, souvent selon un protocole particulier. «L’accent est mis sur la solution et non sur les problèmes», explique-t-il. Durant les entretiens, Ismael Pieren fait tout pour que les gens se sentent bien, pour leur redonner du courage et valoriser leurs efforts. Ismael Pieren sait de quoi il parle puisqu’il est lui-même passé par une dépression modérée dont il ne fait pas un tabou. Il assume la réalité, car il estime qu’il est important de parler d’un sujet souvent mal vu et mis aux oubliettes. Quand il est tombé malade, il a cherché de l’aide et aimerait encourager celles et ceux qui traversent une situation similaire à faire de même. En effet, cet épisode lui a permis de mieux se connaître et de
RkJQdWJsaXNoZXIy Mjc3MzQ=