12 Doss i er —– ENSEMBLE 2022 /65 F L A D I R E C T I O N A U S E I N D E L ’ É G L I S E «Les formes d’organisation agiles ont du potentiel» Manuel Perucchi est théologien et pasteur à la paroisse de Muri-Gümligen. Il a aussi obtenu le diplôme en gestion d’associations et d’organisations à but non lucratif de l’Institut pour le management des associations (VMI) à Fribourg. Son travail se concentre sur la direction et le développement de paroisses. Il s’intéresse beaucoup à leurs modèles de direction et d’organisation. ENSEMBLE s’est entretenu avec lui sur les approches de son travail de diplôme. Par Adrian Hauser Monsieur Perucchi, qui dirige l’Eglise? Les collaboratrices et collaborateurs y contribuent beaucoup en apportant des idées et en faisant avancer les projets. Il faut parfois une autorisation du conseil de paroisse, mais je pense que beaucoup vient d’eux. Donc quasiment depuis la base… En fait oui. L’Eglise ne se dirige pas au sens classique du terme. Cela me manque parfois un peu. Mais davantage de direction impliquerait une compréhension commune de l’Eglise, un objectif commun. Comme il existe de nombreuses conceptions différentes de l’Eglise, ce sont souvent les collaboratrices et collaborateurs qui nous font aller de l’avant, et ont parfois beaucoup de possibilités de le faire. Cela peut être très positif. Mais il manque parfois de coordination. C’est du moins ainsi que je le vois. La direction n’est pas perçue comme un sujet important au sein de l’Eglise. Dans votre travail, il est question d’Eglise visible et invisible. Pouvez-vous me préciser ce que cela signifie? L’invisible est ce qui nous fait avancer, notre fondement sur lequel nous n’avons pas vraiment prise. Avec d’autres communautés religieuses, nous sommes pratiquement la seule organisation sans but lucratif qui œuvre pour la quête de sens et se réfère à quelque chose qu’elle ne peut pas vraiment définir. C’est vrai aussi pour la tradition dans laquelle nous nous trouvons et nous nous développons. L’Eglise visible est l’organisation concrète. Comme notre paroisse ici, sur place à Muri-Gümligen. Ici, nous sommes visibles, présents, on nous perçoit. Mais nous hésitons à adopter une structure bien définie. Pourtant, nous sommes devenus une institution avec beaucoup de collaboratrices et collaborateurs et comprenant des structures, des organes et un cadre de droit public. Nous devons nous organiser et organiser notre travail, et j’ai parfois l’impression que c’est un sujet un peu tabou. On en vient vite au thème de la hiérarchie. Or c’est une question sur laquelle on se montre très réservé, surtout dans l’Eglise réformée. Car nous sommes une institution fondée sur la démocratie de base. Qu’implique le statut de droit public? D’avoir les organes de direction prescrits par l’Etat, donc une assemblée de paroisse en tant qu’organe supérieur où les affaires importantes sont décidées, et un conseil analogue à un conseil communal en tant qu’exécutif qui assure la direction stratégique de la paroisse. Le règlement ecclésiastique prévoit en outre une direction commune par le conseil de paroisse et le ministère pastoral, en association avec les autres ministères. Nous évoluons donc dans un cadre qui fixe certaines prescriptions, tout en laissant une marge de manœuvre. Quelles sont selon vous les opportunités et les risques de ce cadre? Le cadre évite que certaines personnes n’aient tous les pouvoirs. L’organisation foncièrement démocratique confère aussi une certaine légitimité dans la société. Le risque à mes yeux est que cela pourrait donner l’impression qu’il n’y a plus guère de possibilités d’agir au sein des structures de droit public. Mais on est en fait très libre dans la façon d’organiser le travail en collaboration avec le Conseil. Le conseil de paroisse décide certes de certaines affaires. Mais parmi les collaboratrices et collaborateurs, il y a très peu de hiérarchie. Ce qui ne veut pas dire que l’on devrait totalement se passer de structures et de hiérarchies. Par ailleurs, outre les hiérarchies au sens du modèle de direction classique, il existe de nouvelles formes d’organisation plus agiles qui ont selon moi du potentiel. En quoi consisterait une forme d’organisation agile? En tant qu’Eglise, travailler en auto-organisation nous conviendrait bien, car c’est déjà ainsi que nous fonctionnons d’une certaine manière. Cela ne veut pas dire que chacun fait ce qu’il veut. L’auto-organisation signifie que l’on a des cahiers des charges ou des descriptifs de postes moins détaillés et des équipes moins clairement fixées, avec un chef éventuellement encore rattaché à une direction de secteur. Cela signifie aussi qu’il faut se demander d’abord quelles sont nos tâches. Par exemple, quels défis nous sont posés ici, sur place, en tant qu’Eglise? Comment les relevons-nous? Il faut donc réfléchir davantage en termes de contenu et établir qui sont nos groupes
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