ENSEMBLE Nr. / N° 65 - Mai / Mai 2022

14 Doss i er —– ENSEMBLE 2022 /65 Adapter son modèle de gouvernance à la réalité et tendre vers des modèles plus souples. La tendance est actuellement de mise dans un nombre croissant de paroisses. Dans l’arrondissement du Jura, plusieurs d’entre elles tentent des approches intéressantes. Par Nathalie Ogi «Il y a vraiment un changement de paradigme autour de modèles plus participatifs qui intégreraient aussi bien un groupe de laïcs, que de paroissiens dans certains projets», explique le pasteur régional Marc Balz. Mais s’il a fait ses preuves jusqu’ici, le système de gouvernance des paroisses peine aujourd’hui à convaincre. Il devient difficile de trouver des bénévoles pour le conseil de paroisse. En raison de la complexité de la tâche, du temps requis et surtout de ce positionnement délicat en tant que supérieur hiérarchique d’un professionnel salarié, qu’il soit pasteur, diacre ou catéchète. Des expériences alternatives commencent à poindre. La paroisse de Delémont a développé une culture de gouvernance qui fonctionne, à mi-chemin entre le modèle actuel et un système plus participatif. «Au fil des ans, nous avons mis en place une participation croisée entre le conseil de paroisse, composé de ses 11 membres, et l’équipe des six professionnels, soit quatre pasteur·e·s, une diacre animatrice de jeunesse et une pasteure stagiaire», explique la pasteure Sarah Nicolet. Un colloque pastoral a lieu environ toutes les deux semaines, auquel assiste une fois sur deux la présidente du conseil, faisant ainsi le lien avec les conseillers de paroisse. La réunion du conseil de paroisse se tient une fois par mois. Une fois sur deux un membre du colloque pastoral est présent, avec un tournus. L’autre fois, l’ensemble du colloque y participe. Un bureau de paroisse, composé de la présidente, de ces deux vice-présidents et d’un membre du colloque, prépare aussi chaque réunion du conseil de paroisse. «Ce modèle permet d’économiser des tensions et de faire en sorte que l’information circule bien», souligne la pasteure. Une vraie collaboration s’est instaurée entre l’équipe de professionnels et le conseil de paroisse. Projets participatifs Les projets participatifs, comme le «café spirituel» de Delémont, se développent. Chaque rencontre a été portée par trois paroissiens, dont l’un était responsable de modérer la discussion autour d’un thème choisi. Dans le Par8, c’est l’idée d’un «pèlerinage intérieur qui va voir le jour» à Reconvilier. Ce projet inédit invite à un cheminement spirituel personnel et partagé, selon une démarche de transition intérieure, explique le pasteur Reto Gmünder. Le seul cadre fixé est une première soirée de lancement agendée au 2 mai ainsi que l’idée de 4 à 5 autres rendez-vous d’ici novembre. Les gens sont invités à faire des propositions. «L’idée est d’être participatif et d’expérimenter une autre manière d’organiser les projets», souligne le pasteur. Une approche plus agile et plus souple qui correspond mieux aux attentes de la société. «Aujourd’hui, force est de constater que les gens s’identifient moins à des paroisses qu’à des projets», explique Marc Balz. Le rôle même des pasteur·e·s est remis en question, avec l’idée de ministères émergents, soit de postes non attribués à des pasteur·e·s ou à des diacres. Et pourquoi ne pas envisager que les pasteur·e·s développent des ministères spécialisés, comme sur les questions LGTB? Cela pourrait être une nouvelle manière pour l’Eglise de répondre à de réels besoins de société. G O U V E R N A N C E D E S P A R O I S S E S Vers un changement de paradigme? Marc Balz © zVg

RkJQdWJsaXNoZXIy Mjc3MzQ=