25 ENSEMBLE 2022 /65 —– Fokus volontaires ont également fait l’objet de poursuites judiciaires et certains ont été condamnés à des amendes ou des peines de prison avec sursis. Grande maraude Le 12 mars dernier, plus de 300 personnes ont participé à une grande maraude solidaire au col du Montgenèvre. Plusieurs associations venues de Calais, de la Roya et du Pays Basque ont apporté leur soutien à la manifestation organisée chaque année à cette saison afin de sensibiliser et informer une population largement acquise à la cause. Habitante de Briançon et accompagnatrice en montagne, Pâquerette Forest en était. «Cela s’est bien passé. Nous avons récupéré des exilés que nous avons descendus dans les véhicules de Médecins du Monde, devant la police. Nous avons dû négocier la descente, subir des contrôles d’identité, mais les personnes sont arrivées au Refuge.» Cette enseignante à la retraite a pris part aux maraudes dès le début. Comme motivation, elle invoque la solidarité en montagne. «C’est comme chez les marins, on ne laisse pas les gens mourir en mer. Ce n’est pas plus compliqué que ça», souligne Pâquerette. Les maraudeurs doivent compter avec les intimidations policières et font souvent l’objet de filatures. «Nous sommes parfois suivis jusque chez nous. Notre véhicule doit être impeccable pour éviter les amendes.» Au départ, les conditions étaient différentes. Les maraudes avaient lieu au col de l’Echelle à ski de randonnée et secouraient de jeunes Africains de l’Ouest. A présent, les rondes ont lieu au Montgenèvre et les bénévoles voient arriver des exilés d’Afghanistan ou d’Iran, dont beaucoup de familles, de femmes enceintes ou âgées et de nourrissons. Sensibilisation Les maraudes ont à la fois une fonction de mise à l’abri, de prévention des risques, mais aussi d’observation des pratiques policières. C’est ainsi que les bénévoles de «Tous Migrants» ont dénoncé le refoulement de mineurs en Italie, phénomène qui a diminué depuis, note Pâquerette. Les vols d’argent, de téléphones portables ou la destruction de document ont également reculé. Mais globalement, la situation ne s’améliore pas. Depuis début 2021, elle est même devenue de plus en plus insoutenable au Refuge qui accueille les exilés à Briançon, avec un rythme d’arrivée atteignant jusqu’à 300 personnes par semaine. A tel point que, faute de place, des personnes doivent parfois dormir à l’extérieur. Et les alertes aux autorités restent sans réponse depuis des mois. «Nous aimerions faire bouger les lignes. Il y a un déni de droit évident à la frontière, non seulement des droits fondamentaux, mais un déni du droit d’asile et un refoulement illégal.» «Il y a des gens dont on ne veut pas. On effectue un tri. On laisse les gens mourir et on les repousse militairement. C’est de la barbarie», dénonce Michel Rousseau. Aujourd’hui, avec l’agression de Poutine en Ukraine, la France et les autres pays européens se mobilisent pour accueillir les réfugiés venant de ces pays. «Tous Migrants» salue cet élan de solidarité, mais espère que ces décisions politiques induiront un tournant fort dans la politique d’accueil de toutes les personnes exilées, d’où qu’elles viennent. © Juliette Pascal La présence policière et militaire a été renforcée. Die Polizei- und Militärpräsenz wurde verstärkt.
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