29 ENSEMBLE 2022 /66 —– Fokus La minorité qui parvient jusqu’à nous obtient en général au mieux une admission provisoire en Suisse. Et bien qu’ils ont fui pour des motifs comparables, cela signifie pour eux: regroupement familial au plus tôt après trois ans et seulement sous strictes conditions. Ils n’ont de plus aucune liberté de voyager en Europe, au contraire. Ce n’est que très exceptionnellement qu’ils peuvent rendre visite à des membres de leur famille proche dans des pays voisins. Et sortir d’un hébergement collectif pour obtenir un appartement à soi est un véritable parcours du combattant. Sans parler de téléphonie ou de transports gratuits. Questions importantes Pourquoi, alors que tout pourrait être différent, comme on le voit aujourd’hui? Pourquoi cette dureté avec des êtres humains qui ont fui leurs pays pour les mêmes raisons bien compréhensibles que les Ukrainiennes et les Ukrainiens? Personne, parmi celles et ceux qui hébergent des réfugié-e-s ukrainiens, ne doit se justifier sur la raison pour laquelle il ou elle n’a pas accueilli des gens venus de Syrie. Nous devons les remercier pour leur engagement! Mais la Suisse officielle pourrait créer les mêmes conditions pour les personnes qui ont fui pour des raisons semblables. Le rôle de l’Eglise, c’est de rappeler sans cesse qu’au-delà du soutien aux réfugié-e-s ukrainiens, il y a aussi des réfugié-e-s d’autres pays qui ont droit à un accueil sans discriminations. * Responsable du service Migration F D O M A I N E D E L ’ A S I L E Traitons de la même façon toutes les personnes vulnérables Les réfugié-e-s ukrainiens sont acceptés de manière non-bureaucratique et reçoivent le statut de protection S, une première en Suisse. C’est louable. Mais les personnes qui fuient un autre pays que l’Ukraine sont souvent confrontées à des problèmes et ne bénéficient pas immédiatement d’un statut de protection, ce qui interpelle. Un commentaire. Par Carsten Schmidt* Il est touchant de voir l’Europe et la Suisse accueillir des réfugié-e-s ukrainiens à bras ouverts. Des dizaines de milliers d’entre eux ont reçu un statut de protection. Des privés mettent leurs lits à disposition, des paroisses et des associations récoltent du matériel et organisent des cours de langue ou un accompagnement quotidien. Les grandes entreprises se sont montrées aussi généreuses: les réfugié-e-s ont pu au début téléphoner ou utiliser les transports publics gratuitement. Il faut saluer tout cela, sans discussion. Il faut s’en réjouir sincèrement pour les personnes venues d’Ukraine et espérer que cet engagement tiendra encore longtemps. Si quelques «mais» sont évoqués ci-dessous, il ne s’agit en aucun cas de dénigrer ce formidable engagement. Les objections ne se réfèrent pas au soutien de la société civile en faveur des réfugié-e-s ukrainiens, mais au traitement par l’Etat de réfugié-e-s provenant d’autres pays. Il n’est pas très étonnant que ces derniers découvrent avec une certaine incrédulité de quelle manière on peut traiter les réfugié-e-s en Suisse, à savoir très différemment de ce qu’ils ont euxmêmes vécu, eux qui ne peuvent que rêver d’une culture de l’accueil. Les raisons de fuir sont en partie pourtant les mêmes. En Syrie, les gens ont fui devant les mêmes bombes russes qu’en Ukraine. Même vécu, traitement inégal Mais alors que les réfugié-e-s d’Ukraine peuvent voyager et se déplacer sans visa à l’intérieur de l’UE, les Afghans et les Syriens se sont le plus souvent échoués aux frontières extérieures de l’UE. Une partie d’entre eux ont été empêchés de poser le moindre orteil sur le sol européen, au moyen de refoulements brutaux et illégaux. Des deux côtés des frontières extérieures de l’UE, ces personnes finissent régulièrement et durant des années dans des camps, au sein desquels une existence digne est impossible. C’est voulu. «Ne venez pas!», voilà le message. © Adrian Hauser Geflüchtete aus der Ukraine sind willkommen. Doch was ist mit all den anderen? Les réfugié-e-s d’Ukraine sont les bienvenus. Mais qu’en est-il de tous les autres?
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