9 ENSEMBLE 2022 /66 —– Doss i er F Les cultes sont aussi variés que les raisons d’y aller. Cinq personnes ont répondu à notre question et nous ont dévoilé leurs convictions intimes. Bernd Berger, responsable du service de la formation continue opf J’y vais plutôt parce que j’ai été éduqué de cette manière et par habitude que pour des raisons théologiques. Le temple est dans le village, ma famille est de tradition chrétienne et nous allons assez régulièrement au culte. Quand j’étais jeune, presque personne n’aurait remis en doute la centralité du culte, malgré de nombreuses autres offres ecclésiales. Aller au culte, pour moi, c’était alors un devoir religieux et un besoin, l’un ou l’autre prévalant selon les circonstances. Comme pasteur, j’ai toujours aimé préparer et célébrer le culte, y compris les cultes de mariage et d’enterrement qui offrent une occasion privilégiée de se demander ce que les textes bibliques ont encore à nous dire, en quoi ils peuvent encore nous surprendre aujourd’hui, et quel est le rapport entre Dieu, la foi et notre vie. En même temps, je me suis souvent fait la remarque que mon langage et mon intonation ont évolué, j’ai pris le ton pastoral, adopté certaines formules. Nous sousestimons souvent à quel point, lors du culte, des expériences profondément enracinées, des lieux et des traditions nous marquent inconsciemment. Aujourd’hui, dans bien des endroits, le culte ne rassemble qu’une minorité de personnes. Pourtant, je maintiens qu’il est central dans la vie de la paroisse: il vit de la promesse que le Christ est présent dans sa parole, dans le pain et le vin, que Dieu se laisse interpeller et nous interpelle. Il existe par l’expérience commune du chant, de la musique et du silence. Nous devons sans doute faire évoluer sa forme, adapter les lieux et leur aménagement à la fréquentation. Je rêve d’une atmosphère accueillante et légère, d’apprendre quelque chose sans subir un cours, de me sentir apaisé sans m’endormir, d’être mis en mouvement sans but précis: je suis plus sensible aux questions intéressantes qu’aux réponses définitives. Je préfère quand la pasteure m’interpelle que lorsque je peux dire oui et amen à tout. Parfois, avec l’aide de Dieu, le miracle se produit. De toute façon, je ressors du culte avec la bénédiction de Dieu, c’est porteur. Franziska Huber, collaboratrice spécialisée théologie Il y a mille raisons: dire merci pour ce que je n’arrive pas à exprimer seule, me laisser rencontrer par Dieu dans la prière et dans l’espérance, dans le hochement de tête de ma voisine de banc, trouver le silence, recevoir une parole, avoir mon café et ma tranche de tresse du dimanche, être en communion avec celles et ceux qui célèbrent aussi ailleurs dans le monde, me sentir reliée à celles et ceux qui étaient déjà là avant nous, entendre aussi parfois une parole positive, que ce monde n’est pas que guerre, pandémie et réchauffement climatique, mais aussi Royaume de Dieu, faire connaître à mes enfants ce rite, cette liturgie, ces prières, ces chants, prier le Notre Père en communauté, me libérer de la culpabilité. Et puis, j’y vais parce que j’espère quand même aussi parfois une sorte d’écho venu de l’éternité, des paroles vivantes. «Warum gehe ich in den Gottesdienst? Erste Antwort: Weil ich es brauche.» «Pourquoi je vais au culte? Première réponse: j’en ai besoin.» © Refbejuso
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