13 ENSEMBLE 2022 /67 —– Doss i er et en livraison de repas sont très importants. En Hongrie, l’œuvre d’entraide réformée hongroise est entrée en action; en Roumanie, c’est la diaconie qui s’engage, et en République tchèque, les Frères moraves apportent leur soutien aux réfugiés. Mais l’EPER épaule aussi différents organismes de la société civile, n’est-ce pas? Il s’agit souvent de petites entités locales, particulièrement en Ukraine. Les équipes de l’EPER observent les intervenants de première ligne pour déterminer quels organismes aider; il s’agit en partie d’organisations de jeunesse et en partie d’associations. Par exemple, une association des déplacés de Marioupol s’est rapidement constituée et, par ce biais, l’EPER a notamment fourni des articles d’hygiène aux réfugiés. Ailleurs, nous avons pu aider des cuisines scolaires qui fournissent désormais des repas également aux déplacés internes. Vu le nombre d’acteurs ainsi que la complexité de la situation en période de guerre, la coordination de l’aide est essentielle. Comment la garantir? Sur place, en Ukraine, cette tâche est assumée par la coordination humanitaire de l’ONU, comme dans la plupart des crises. L’EPER est aussi membre du Cash Working Group qui détermine les critères et les montants des distributions d’argent. Pour l’EPER, l’Alliance ACT (Action by Churches Together) joue également un rôle important dans la coordination avec d’autres œuvres d’entraide ecclésiales européennes protestantes et orthodoxes. Enfin, la DDC (Direction du développement et de la coopération) coordonne l’aide suisse, avec l’appui notamment d’Alliance Sud. Dans ce contexte, l’EPER peut-elle aussi soutenir des initiatives en faveur de la paix issues de la société civile? En ce moment, c’est vraiment difficile. Nous pouvons agir selon le degré de sensibilité au conflit de nos propres interventions. En plus, nous essayons d’améliorer les relations entre la population d’accueil et les réfugiés dans les pays de la région grâce au renforcement communautaire. Par contre, au niveau du conflit lui-même, nos possibilités sont très limitées. As-tu quelque chose à ajouter au sujet du travail de l’EPER en Suisse? En Suisse, l’EPER a opté pour deux stratégies d’intervention: l’aide d’urgence et l’aide à l’intégration. Durant la première semaine de mars, l’EPER a assumé le placement des familles dans les centres fédéraux pour requérants d’asile du nord-ouest et de l’est du pays (Bâle et Altstätten) où elle fournit aussi un conseil juridique pour les demandes de statut S. Afin de favoriser l’intégration rapide des réfugiés en provenance d’Ukraine, l’EPER a étendu ses trois programmes d’intégration à toute la Suisse: Infra (cours de langues), réseaux de placement MosaiQ et Stellennetz (intégration sur le marché de l’emploi) et Altum (offres pour seniors). Ces derniers mois, d’autres offres se sont ajoutées à la liste: dans ses offices de consultation juridique au sein des régions, l’EPER conseille et accompagne les demandeurs qui n’ont pas obtenu le statut de protection S, et elle prend en charge des réfugiés chez eux, sur mandat notamment de la ville d’Aarau. As-tu un souhait à adresser aux Eglises en Suisse? Du point de vue du travail local de l’EPER, il est important de ne pas oublier qu’à côté des réfugiés d’Ukraine, d’autres personnes sont dépendantes des aides. La situation de détresse des uns risque de réduire les ressources disponibles pour les autres; or, dans certains cas, ces dernières n’ont plus accès aux prestations. Face à de telles réalités, tant les œuvres d’entraide que l’Eglise ont la responsabilité de n’oublier personne, et de savoir quand elles doivent signaler ou soulager la détresse. Observe-t-on aussi ce phénomène à l’étranger? Oui, les conséquences de la guerre dépassent l’Ukraine et les pays de la région. Nous constatons que d’autres régions dans lesquelles l’EPER est active subissent des répercussions majeures de la crise: je pense à la raréfaction alimentaire partout dans le monde, à la hausse des prix de l’énergie ou à la hausse globale du niveau des prix. Les couches les plus pauvres de la population ont de la peine à répondre à leurs besoins primaires, ce qui entraîne également un besoin accru d’aide extérieure, alors que nos pays aussi voient leurs moyens diminuer. J’estime que la société est face à une tâche importante, que les œuvres d’entraide et les Eglises doivent parler de l’augmentation des besoins d’aide et se battre contre les menaces de coupe dans les financements. Les Eglises peuvent aussi montrer les possibilités d’agir, en tant que société, au lieu de se laisser paralyser. Même si nous étions confrontés à des restrictions alimentaires et énergétiques, nous ne devrions pas oublier qu’énormément de gens dans le monde sont frappés par la précarité dans des contextes bien pires que les nôtres, et qu’ils ont besoin de notre solidarité. * Responsable du secteur ŒTN-Migration
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