17 ENSEMBLE 2022 /67 —– Doss i er Ils s’habituent aux tirs de roquettes et aux attaques aériennes. Chacun fait ce qu’il peut, à son échelle. Nous travaillons lentement mais sûrement. Les déclarations fracassantes ne sont aujourd’hui pas d’actualité. L’époque réclame de servir les gens de manière quotidienne et selon une routine. L’Eglise est appelée à les aider dans des situations difficiles. Aujourd’hui, le soutien spécifique de l’Eglise, c’est la prière et le réconfort des victimes. Comment cette guerre fratricide impacte-t-elle les célébrations du culte? Le déroulement du culte n’a pas vraiment changé. Dans les paroisses situées en dehors des zones de combat, les célébrations ont lieu comme d’habitude. Lorsque les églises sont complètement ou partiellement détruites, il n’y a généralement pas de culte. Mais dans les paroisses qui fonctionnent, les gens viennent plus fréquemment. Je connais toute une série d’églises où l’on prie et on chante des hymnes acathistes1 tous les jours, ce qui n’était pas le cas avant la guerre. Comment vit-on la séparation de l’Eglise orthodoxe d’Ukraine et du Patriarcat de Moscou? Quels sont les défis qui se posent et les opportunités que cela représente? Les décisions du Concile de l’Eglise orthodoxe d’Ukraine du 27 mai dernier doivent être comprises comme une nécessité pastorale au service de notre peuple, au vu de circonstances nouvelles et exceptionnelles. Ces décisions ont montré l’autonomie et l’indépendance de notre Eglise. Elles ont été prises de manière indépendante et sans influence extérieure, pour le bien de l’Eglise en Ukraine et pour le bien des Ukrainiens orthodoxes vivant en dehors du pays. La mission au sein de la diaspora ukrainienne se développe activement. Notre Eglise n’est pas seulement devenue davantage indépendante, elle est devenue totalement indépendante. Ces derniers mois, nous avons développé activement notre présence pastorale à l’étranger, dans de nombreux pays européens des paroisses ont été ouvertes. Nous sommes aujourd’hui de facto une Eglise autocéphale, guidée par les intérêts de notre communauté, et dont les membres ont souvent été contraints de quitter le pays. Grâce à la décision du Concile de l’Eglise orthodoxe d’Ukraine, nous avons gagné en indépendance dans les relations entre orthodoxes et chrétiens. Les décisions du Concile nous donnent la possibilité d’exercer notre service pastoral de manière plus effective et conformément aux défis de notre époque. Qu’attendent les Eglises en Ukraine des Eglises du monde entier? Nous attendons un soutien par la prière, la solidarité et l’aide humanitaire. Mais nous avons déjà beaucoup reçu. Pour nous, c’est important que la majorité des Eglises du monde ait condamné cette guerre comme injustifiée. Cela signifie que leur évaluation concorde avec la compréhension de la guerre qu’a notre Eglise. 1 Un acathiste est dans le christianisme oriental un hymne dédié à la Trinité, à un saint ou à une fête du calendrier liturgique. © Keystone / AP Photo / Emilio Morenatti Réunion dans une église de Kiev. Hoffnung in einer Kirche in Kiev.
RkJQdWJsaXNoZXIy Mjc3MzQ=