ENSEMBLE Nr. / N° 67 - September / Septembre 2022

26 Fokus —– ENSEMBLE 2022 /67 La diversité religieuse et culturelle du canton de Berne se manifeste aussi de plus en plus dans les cimetières. Ainsi, le cimetière de Bremgarten dispose aujourd’hui d’un carré musulman et d’un carré bouddhiste en plus des espaces chrétiens et laïcs. Par Jasmin Kneubühl* Le cimetière de Bremgarten, inauguré en 1865, est situé au cœur de la ville, entre le bruit de la circulation et les gaz d’échappement. D’une surface d’environ 16 hectares, c’est le deuxième plus grand cimetière en zone urbaine après celui de Schosshalden. En été, il se pare de ses plus belles couleurs. Ce cimetière – l’un des plus anciens du canton de Berne – est non seulement dédié au repos des défuntes et défunts, mais sert aussi de parc pour se promener et se recueillir. On y trouve de nombreuses espèces d’oiseaux, des vers luisants et même des moutons, explique son directeur, Thomas Hug. «Le cimetière ne doit pas seulement servir aux morts, mais aussi aux vivants», ajoutet-il. Thomas Hug a vécu dès le début la création des premiers carrés non chrétiens. Modifications du règlement et compromis Dès les années 1960, les différentes communautés musulmanes de Berne ont exprimé le désir de posséder leur propre espace. Mais la réalisation de cette idée nécessitait au préalable une modification du règlement du cimetière. Celui-ci a dû être complété par un paragraphe précisant que le conseil municipal ou la direction du cimetière pouvaient aménager des secteurs destinés aux minorités ethniques ou religieuses. Dans les anF nées 1990, un petit groupe constitué de membres des communautés musulmanes et chrétiennes, de l’administration municipale et du service des espaces verts du cimetière a été mis en place. C’est ainsi que la planification du premier carré non chrétien a pu aller de l’avant. Le premier carré musulman a été inauguré en 2000. Pendant quelque temps, il a créé un certain malaise au sein de la population, des personnes politiquement de droite ayant critiqué son autorisation. Mais ces craintes et critiques émanant de la société se sont rapidement révélées infondées. Un premier défi a été de veiller à ce que la personne défunte soit dirigée vers la Mecque, un aspect important dans un enterrement musulman. Cela n’a posé aucun problème pour la direction du cimetière. Une deuxième défi concernait le critère du repos des morts. L’islam attache en effet beaucoup d’importance au repos éternel des morts. Il a donc fallu trouver une solution ensemble, car au cimetière de Bremgarten, une tombe est désaffectée après 20 ans. Il a été décidé que les tombes dans le secteur musulman seraient creusées plus profondément afin de pouvoir superposer plusieurs cercueils entre les couches de terre. Ainsi, elles n’ont pas besoin d’être désaffectées après 20 ans. L’idée d’aménager un autre carré non chrétien au cimetière de Bremgarten est venue lors d’une assemblée de l’Union suisse des bouddhistes, explique la bouddhiste Hildi Thalmann. Au moment de concrétiser le projet, elle a eu des doutes, car elle ne savait pas s’il répondait à une réelle demande à Berne. Mais elle a bientôt constaté que c’était le cas. Le projet a été très bien accueilli par tous les groupes bouddhistes de Suisse. Comme un enterrement bouddhiste ne suit pas toujours le même déroulement, il n’a pas été nécessaire de © Jasmin Kneubühl Statue de Bouddha. Buddha-Statue.

RkJQdWJsaXNoZXIy Mjc3MzQ=