ENSEMBLE Nr. / N° 67 - September / Septembre 2022

27 ENSEMBLE 2022 /67 —– Fokus chercher des compromis. La seule condition importante était que la statue de Bouddha soit placée sous un baldaquin ou une autre protection. Elle se trouve désormais sous un grand érable qui l’abrite ainsi de manière naturelle. La statue de Bouddha du cimetière de Bremgarten est considérée comme étant la première à avoir été érigée sur une place publique et accessible à tout le monde. Le carré bouddhiste est particulier et unique par sa forme, qui reproduit une grande fleur de lotus. En outre, «tout le monde peut y être inhumé, il n’est pas nécessaire d’appartenir au bouddhisme», précise Thomas Hug. C’est une autre singularité de ce carré. Une collaboration louable «La collaboration a été un vrai plaisir», se souvient Albert Rieger, ancien responsable du département ŒTN-Migration des Eglises réformées Berne-Jura-­ Soleure. A plusieurs reprises, les groupes de travail formés de représentations musulmanes et chrétiennes ont été confrontés à des problèmes apparemment insolubles, mais ils sont toujours parvenus à trouver ensemble des compromis acceptables par toutes les parties prenantes. Il s’agissait d’une part de tenir compte des besoins des communautés religieuses et, d’autre part, de respecter les bases légales. Albert Rieger précise: «Pour moi, ce processus a montré de façon presque exemplaire comment négocier des solutions ensemble.» Il explique qu’un aspect important de la collaboration a consisté à définir «ce qui constitue le noyau religieux, et ce qui relève des expressions culturelles qui peuvent changer en fonction de la situation». Pendant l’interview, Hildi Thalmann salue aussi à plusieurs reprises la collaboration agréable et proCarré musulman. Muslimisches Grabfeld. gressive entre les communautés religieuses et le service des espaces verts du cimetière. Elle estime que la réalisation des projets des différents carrés confessionnels a permis de renforcer le dialogue entre les communautés religieuses. A propos de moulinets à vent et d’intégration Dans la tradition musulmane, les tombes sont aménagées très sobrement, avec en général une stèle ou une plaque en bois en guise de pierre tombale. Mais au cimetière de Bremgarten, les tombes musulmanes sont parfois décorées d’anges, de moulinets à vent et de fleurs. «On voit comment la religion peut changer extérieurement au cours du processus d’intégration», relève Albert Rieger. Hildi Thalmann a elle aussi constaté «qu’une sorte de prestation d’intégration est nécessaire de la part de celles et ceux qui ont immigré dans notre pays». En effet, des carrés aménagés comme au cimetière de Bremgarten n’existent dans aucun pays bouddhiste. Et l’on y trouve ici aussi toujours des fleurs et des moulinets à vent. Hildi Thalmann est heureuse que le carré bouddhiste serve aussi d’espace de recueillement ou pour découvrir la statue de Bouddha, et pas seulement pour des enterrements ou des visites aux personnes défuntes. Elle a ainsi le sentiment d’un travail réussi et éprouve une grande gratitude. Le fait que des personnes, surtout de la première génération immigrée, continuent de se faire enterrer dans les carrés non chrétiens montre que les deux projets sont un succès et qu’ils ont permis de tenir compte des besoins des communautés religieuses. * Collaboratrice service Migration © Jasmin Kneubühl

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