7 ENSEMBLE 2022 /67 —– Doss i er F Quand les personnes et l’Etat ont-ils le droit de recourir à la violence? Comment les Eglises doivent-elles réagir à la guerre en Ukraine? Qu’est-ce que la paix juste et comment l’atteindre? Réponses de Christine Schliesser, privatdocente en théologie systématique à l’Université de Zurich et directrice des études au Centre foi et société de l’Université de Fribourg, et de Dieter Baumann, docteur en théologie, spécialiste en éthique militaire et officier de métier. Par Mathias Tanner* L’Ukraine est en guerre, des êtres humains en tuent d’autres. Dans quels cas un chrétien a-t-il le droit de faire usage de la violence? Dieter Baumann: Le renoncement à la violence et l’amour du prochain et des ennemis sont au cœur du message chrétien. Mais la chrétienne ou le chrétien qui est dans son rôle de soldat peut faire usage de la violence lorsqu’il s’agit de légitime défense ou d’application du droit. En cas d’extrême nécessité, cela implique de donner la mort. De fait, le droit qui n’est pas accompagné de moyens de sanction reste sans effet. Cependant, faire partie de l’armée ne confère pas le droit d’exécuter des ordres qui vont à l’encontre des législations nationales ou du droit international. Christine Schliesser: J’ajouterais un point inspiré de la théologie réformée. Martin Luther disait que si je subis une agression, je dois m’abstenir et même tendre l’autre joue. En revanche, si je vois que mon voisin est opprimé et en danger, le devoir chrétien m’impose d’intervenir, et même par la violence s’il le faut. Dans ce cas, la légitime défense devient donc un acte d’amour du prochain. Dans le christianisme, certains s’en tiennent au principe du renoncement à la violence et refusent d’accomplir leur service militaire. Qu’en pensezvous? C.S.: La tradition protestante est particulièrement attachée à la liberté de conscience. Faire ou non son service militaire est une décision qui relève de la conscience individuelle. D.B.: En Suisse, la loi confère à l’objecteur de conscience une alternative sous la forme du service civil. A mon sens, c’est une bonne solution. * Collaborateur ŒTN-Migration et service de communication © Adrian Hauser Christine Schliesser: «La réconciliation n’est pas pour des temps meilleurs, elle commence dès maintenant.» Christine Schliesser: «Versöhnung ist nicht etwas für bessere Zeiten, sondern sie beginnt schon jetzt.»
RkJQdWJsaXNoZXIy Mjc3MzQ=