7 ENSEMBLE 2022 /68 —– Doss i er F Le théologien et pasteur Christoph Schwarz est le recteur de la Haute école de théologie et de diaconie d’Aarau. Il nous raconte comment la diaconie sociale peut réagir face à des crises comme celles du coronavirus ou de la guerre en Ukraine. Pour lui, il est important que la diaconie adapte son action. Par Adrian Hauser Quelle importance a la diaconie en temps de crises extérieures, comme la guerre en Ukraine ou la pandémie de coronavirus? La diaconie est au service des gens en ce qui concerne leurs besoins corporels, psychiques, sociaux, culturels et spirituels. La diaconie sociale est particulièrement recherchée partout où les crises actuelles créent des souffrances de cet ordre. Durant la pandémie, on peut citer par exemple le soutien aux personnes vulnérables pour effectuer leurs achats, ou les offres novatrices de rencontres et de possibilités de partage, qui avaient disparu. A l’époque, et aujourd’hui avec la guerre en Ukraine, de nombreuses craintes et incertitudes ont surgi. La foi chrétienne et l’Evangile sont alors des ressources porteuses d’espoir et structurantes. Jusqu’à quel point la diaconie peut ou devrait être politisée, lors de ce genre de périodes où les gens se posent aussi des questions sur la politique? La diaconie peut créer des espaces au sein desquels on peut poser des questions et discuter. L’Eglise peut être un lieu d’échanges, où les avis controversés ont leur place et où l’on exerce la diversité des points de vue avec soin. La diaconie peut tout à fait avoir aussi une dimension prophétique et politique et s’exprimer en faveur des personnes en difficulté. Qu’est ce qui pourrait servir de boussole à la diaconie dans les questionnements politiques? Il est souvent difficile de voir, dans les questions politiques concrètes, quelles positions sont les plus proches de l’éthique chrétienne. Généralement, il y a deux notions qui nous guident: qu’est-ce qui correspond à l’amour, et qu’est-ce qui correspond à Jésus Christ? Le respect de l’égalité, des particularités et de la dignité de tous les êtres humains en fait partie. Toutes et tous doivent pouvoir prendre part à la communauté et à la société, c’est un des buts. A quelles questions la diaconie a-t-elle été confrontée, au temps de la pandémie? D’abord s’est posée la question de savoir dans quelle mesure les employés et les responsables du domaine de la diaconie étaient aptes à agir en personne, car la pandémie nous a tous touchés, mais pas de la même manière. Ensuite est venue la question concrète des besoins sur place, quels réseaux et quelles organisations sont intervenus, et quel rôle la diaconie pouvait avoir là- dedans. Là où il y avait déjà un bon réseau au sein de la société civile et un bénévolat bien encadré, on a pu mieux réagir. Une des formes principales de l’action de diaconie, à savoir le travail de groupes, a disparu. L’accompagnement individuel, dans sa pratique habituelle, n’était plus possible. Une autre question était de savoir dans quelle mesure la diaconie était dynamique et créative pour trouver de nouvelles formes de soutien. Etait-on habitué à penser et agir pour le bien commun? Comment les personnes actives dans la diaconie ont pu apporter leur aide durant cette période? Pouvez-vous nous donner un exemple? Durant le confinement, la diaconesse de Birr-Lupfig a constaté que la distribution alimentaire de «Cartons du Cœur» et «Tischlein deck dich» était suspendue à cause des mesures contre le coronavirus. Mais il fut vite clair aussi que ce besoin perdurait et que la disparition de cette distribution alimentaire jetterait certaines personnes dans la détresse. La diaconesse a pu rapidement faire aménager l’espace d’une église avec des grandes portes en verre tournées vers l’extérieur, de telle manière qu’il soit bien aéré et que les gens puissent accéder eux-mêmes à leur nourriture. La paroisse a pu ainsi combler le manque, jusqu’à ce que les deux autres organisations puissent reprendre leur travail. Vous avez dit qu’en temps de crise, il est important d’adapter son action. Que voulez-vous dire exactement? Avec notre exemple, il a été possible de prendre des décisions rapidement. On n’a pas dû attendre la prochaine séance du conseil paroissial. Les voies décisionnelles ont été plus courtes et plus flexibles. Dans le même temps, on n’a pas agi dans la précipitation. Adapter son action, cela veut aussi dire prendre conscience avec soin des situations et des besoins. Des réseaux existants menant à d’autres organisations ont été utilisés. Et la liberté intérieure nécessaire pour s’adapter à une nouvelle situation était là. Comment la diaconie peut-elle devenir plus souple ou le rester? Il me paraît important d’avoir une image claire de notre mission: qu’entendons-nous par diaconie sociale, comment comprenons-nous nos tâches, sur le fond? Au niveau personnel, l’habitus per-
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