18 Dossier —– ENSEMBLE 2023/72 ROMA ND I E Un nouvel élan pour la catéchèse Comment enseigner le catéchisme aux jeunes d’aujourd’hui et pallier à la désertion des catéchumènes? Dans l’arrondissement francophone, une réflexion est en cours pour relancer une catéchèse adaptée à notre époque. Avec des projets pilotes dans deux paroisses. Par Nathalie Ogi Au sein des Eglises réformées Berne-Jura- Soleure, la grande réforme de la catéchèse a eu lieu dans les années 90. Il y a 30 ans déjà. Un travail effectué à l’époque dans l’arrondissement du Jura par la commission de catéchèse (Comcat) et qui a débouché sur la «nouvelle catéchèse». Un enseignement religieux adapté à tous les âges, centré sur l’individu et animé par des équipes mixtes de bénévoles et de professionnels soucieux de mettre en œuvre des outils et des moyens pédagogiques toujours renouvelés. Cette nouvelle catéchèse basée sur le sujet avait pour but d’amener les jeunes à une réflexion sur eux-mêmes, par le biais des expériences vécues. L’idée n’était pas de distiller un savoir, mais de chercher ensemble des pistes de réponses. «Une méthode alors très pertinente», se souvient Céline Ryf. Cette catéchèse professionnelle, employée à temps partiel dans le Par8, est actuellement responsable du projet «Avenir de la catéchèse». Elle a elle-même été catéchumène à Moutier dans les années 1990. Mais depuis, la donne a bien changé. A l’époque, l’enseignement était destiné à des équipes comptant une bonne trentaine de jeunes. Il était donc pensé pour de grands groupes, entourés essentiellement de nombreux catéchètes bénévoles. La catéchèse était certes centrée sur l’individu, mais la réflexion avait lieu à travers le collectif. Changements Depuis, l’équipe catéchétique s’est reformulée autour de catéchètes professionnels et des pasteurs. Les bénévoles sont moins nombreux. Dans le même temps, les effectifs de catéchumènes ont fondu. «Aujourd’hui, on observe des groupes de 14 jeunes environ pour une année scolaire, et cela dans le périmètre de quatre paroisses», relève Céline Ryf. Un phénomène sans doute lié au désintérêt croissant du public pour la religion et l’institution de l’Eglise en général, mais également corrélé à un intérêt nouveau pour d’autres confessions ou d’autres formes de spiritualités, relève la jeune femme. Cette nouvelle catéchèse, qui a connu ses heures de gloire et aimanté beaucoup de monde, est donc en partie devenue obsolète, non pas au niveau de la pédagogie, mais de la méthode. «Aujourd’hui, il ne s’agit pas de tout réformer, mais l’opportunité se présente de questionner l’offre à la lumière de 2023 et de coller aux réalités actuelles.» Il s’agit de repenser l’animation, en tenant compte aussi de la diminution des postes pastoraux et des conditions de travail des catéchètes. Généralement occupés à de petits pourcentages, ces derniers sont souvent sous pression pour organiser les activités. Deux projets pilotes Mandatée pour stimuler ces réflexions dans l’arrondissement francophone, Céline Ryf accompagne depuis le début de l’année deux projets pilotes dans deux paroisses de dialogue: la paroisse française de Berne, ainsi que quatre paroisses du Par8 dans le Jura bernois, à savoir Moutier, Grandval, Bévilard et Court. Dans la paroisse de Berne, il a été observé que la nouvelle catéchèse avait produit un effet secondaire inattendu, à savoir un certain cloisonnement de l’enseignement religieux qui se vivait à part des autres groupes paroissiaux. «Le projet pilote cherche donc à remettre la catéchèse au milieu de l’église, en lien avec les autres, notamment les aînés.» Des offres intergénérationnelles ont été mises sur pied dès novembre, avec un groupe qui fait de la randonnée, un culte où les jeunes prennent une part active et auquel les parents sont invités. Il se termine par un repas. Une collaboration avec un groupe de cinéphiles de «CinéClap» prévoit aussi un partage intergénérationnel après la projection. Car si le culte rassemblait autrefois les générations, il est aujourd’hui déserté. Il s’agit donc de trouver des offres-ponts qui permettent aux gens de se retrouver dans la paroisse. © zVg Céline Ryf
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