ENSEMBLE Nr. / N° 72 - Dezember / Décembre 2023

29 ENSEMBLE 2023/72 —– Fokus Cours ensa – Premiers secours en santé mentale C’est là qu’intervient ensa – Premiers secours en santé mentale, qui se veut un outil d’intervention précoce. Dans ce cours de deux jours, les participantes et participants apprennent à connaître les maladies psychiques les plus fréquentes: dépression, troubles anxieux, addictions, troubles du comportement alimentaire et psychose. Le cœur de la formation consiste à apprendre à mener un entretien de premiers secours avec des personnes en détresse psychique, avec comme objectif de les encourager à s’adresser rapidement à une aide professionnelle. Le cours s’adresse à toute personne intéressée à acquérir les outils pour oser aborder le sujet délicat de la maladie psychique. Avec ce bagage, ils et elles contribuent à la lutte contre la stigmatisation des personnes en souffrance psychique et apprennent en passant comment prendre soin de leur propre santé mentale. PROPOSITION: RENFORCER LES INDIVIDUS ET LA COMMUNAUTÉ David Kneubühler est pasteur dans la paroisse de Corgémont-Cortébert. C’est là qu’aura lieu, sur son initiative, le premier cours ensa – Premiers secours en santé mentale dans l’Arrondissement ecclésiastique du Jura. Comment avez-vous découvert les cours ensa – Premiers secours en santé mentale? J’en ai entendu parler il y a quelques temps par une collègue de la partie germanophone de notre Eglise, qui est tout feu tout flamme pour cette offre. Cette quasi passion m’a intrigué et quand la possibilité d’organiser un cours s’est donnée, je l’ai saisie. Pourquoi organiser un tel cours à Corgémont est utile, voire nécessaire? C’est une offre nouvelle, qui vient bousculer quelques idées reçues et ça, ce n’est jamais perdu dans une région qu’on croit souvent étroite d’esprit. Alors que c’est aussi une région d’innovation, dans le domaine industriel principalement. Cette question de la santé mentale demeure souvent taboue par ici. Elle n’est mentionnée au mieux qu’avec des détours, et quand le sujet vient sur la table, personne ne sait bien quoi faire. Avoir des ressources dans ce domaine, dans notre région et plus largement dans le Jura bernois, peut être un vrai atout. En quoi est-ce une tâche que l’Eglise doit relever? Ne serait-ce pas plutôt à la société civile d’assurer la formation de la population dans ce domaine? Je suis convaincu que cela fait partie des services rendus à la population par l’Eglise que de se soucier des faiblesses, des difficultés de chacune et chacun. Depuis quelques années, l’Eglise a la chance de pouvoir s’orienter vers les ressources et les solutions, plutôt que vers les manques et les problèmes. Une telle offre s’inscrit pleinement dans cette stratégie de renforcement des individus et des communautés. Quel lien peut-on établir entre la Bible et le souci de l’Eglise pour la santé mentale des paroissiens et paroissiennes, et de la population dans son ensemble? Les évangiles font mention de quantité de situations de détresse psychique, parfois au travers du prisme de l’action des forces du mal, avec des possessions par exemple. La souffrance n’est donc pas juste somatique, elle est aussi psychique et spirituelle. S’il y a ensuite une guérison, elle sert surtout à montrer le chemin qu’il est possible de parcourir pour retrouver une certaine liberté, même si elle est précaire et toujours à défendre. Dans ces textes de miracle, que la personne souffrante soit croyante ou non, femme ou homme, adulte ou enfant n’importe que peu. Ce qui compte, c’est de faire réfléchir à des questions existentielles et d’appeler à une forme de solidarité. Ainsi, un certain fatalisme mortifère est rejeté au profit d’un appel, parfois inconfortable, à la liberté et à la vie. Quelles sont les autres ressources que l’Eglise a à offrir face à la détresse psychique? Il existe de nombreuses offres, propres à chaque paroisse ou région. Toutes s’inscrivent dans deux grandes catégories: la diaconie ou le travail socio-diaconal et l’aumônerie ou l’accompagnement spirituel. En agissant concrètement auprès des personnes les plus vulnérables et en offrant des lieux et moments d’écoute avec des personnes formées, l’Eglise tient un rôle particulier qui ne remplace pas d’autres ressources, mais qui les complète. Qu’attendez-vous de ce premier cours ensa? Qu’il donne envie à d’autres personnes de se former dans notre région et au-delà, pour permettre aux questions de santé mentale de ne plus être taboues, mais prises en compte. Et qui sait, que cela stimule certaines personnes à lancer des projets dans ce domaine ou des domaines connexes, afin de répondre au mieux aux besoins et défis de la société dans laquelle nous vivons. * Théologienne Cours ensa – Premiers secours en santé mentale 27 janvier et 3 février 2024 à Corgémont Information et inscription: https://www.refbejuso.ch/fr ➝ agenda

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