17 ENSEMBLE 2024/75 —– Dossier zVg. OBSÈQUES Vers une personnalisation croissante À la tête d’une entreprise de pompes funèbres active entre Berne, Bienne et Thoune, Gyan Härri est quotidiennement confronté à la mort. Il nous parle des différentes facettes de son métier et de la manière dont il le vit. Par Adrian Hauser Gyan Härri a atterri un peu par hasard dans le métier lorsqu’il a eu l’opportunité de reprendre Aurora, l’entreprise du père de sa femme qui y travaille elle-même. Auparavant, il travaillait dans le cinéma et dans la gastronomie. Il s’occupe donc toujours des autres, mais en répondant à d’autres besoins. L’humain reste au cœur de sa nouvelle vie professionnelle. Une inhumation implique toujours de s’intéresser à l’histoire de vie de la personne décédée, mais aussi d’être aux côtés des personnes endeuillées afin de leur offrir le plus bel adieu possible. Il arrive à Gyan Härri de devenir un peu travailleur social, comme ce jour où il a retrouvé la trace de membres de la parenté et a soudainement été propulsé au cœur d’une histoire familiale douloureuse chargée de secrets et d’abus. De multiples possibilités «Aurora» propose un vaste ensemble de prestations autour des obsèques – prévoyance funéraire, exposition de la dépouille mortuaire, transport de corps, cérémonies d’adieux, inhumation, rituels, impression de faire-part, accompagnement dans le processus de deuil. Certaines demandes sortent de l’ordinaire. Une fois, Gyan Härri a accueilli une femme qui voulait une «fête en l’honneur de la vie» avant son décès plutôt que des obsèques. «Nous réalisons tous les souhaits dès lors qu’ils s’inscrivent dans le cadre légal», ajoute-t-il. La palette de posF sibilités est large: enterrements, crémations, mise en terre dans un jardin privé, dispersion des cendres en forêt, sur un alpage, à la surface de l’eau, dans les airs, etc. Il arrive de devoir respecter des règles. Ainsi, pour déposer une urne funéraire dans un jardin, il faut soit être propriétaire du terrain, soit avoir obtenu l’accord formel du propriétaire. De même, la dispersion des cendres dans la nature doit respecter les exigences de la loi. Gyan Härri estime qu’en moyenne 10% de sa clientèle demande une inhumation et 90% une crémation. Donner libre cours aux émotions Comme d’autres, Gyan Härri constate que la société se laïcise de plus en plus, notamment à travers les demandes d’obsèques toujours plus personnalisées et qui s’éloignent de l’univers ecclésial. Par exemple, il est arrivé que quelqu’un demande que ses cendres soient lancées dans le ciel avec des engins pyrotechniques depuis une terrasse de montagne. Dans son travail, Gyan Härri a l’ambition d’être «honnête» et «perméable», et estime avoir le droit de pleurer avec les proches dans certaines circonstances. Il donne libre cours ses émotions, c’est sa manière à lui de faire face aux situations difficiles. Les accompagnements les plus intenses sont ceux de familles qui perdent brusquement quelqu’un de trop jeune au moment le plus inattendu. À la suite d’un accident, par exemple, si la famille souhaite une mise en bière, le corps peut être reconstruit, et de manière souvent remarquable. Toutefois, si la décomposition du corps est trop avancée, ce n’est plus possible: «On ne peut pas inventer ce qui a presque disparu», commentet-il. Il est néanmoins possible de réaliser des prouesses. Gyan Härri a ainsi déjà reconstruit des visages entiers. Même s’il est confronté à la mort tous les jours, il la respecte. Ce qui vient après? C’est une vaste question: «Et si après sa mort, l’être humain vivait exactement ce en quoi il a cru pendant sa vie?» Il existe de nombreux types d’enterrements. Es gibt sehr viele unterschiedliche Arten von Bestattungen.
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