ENSEMBLE Nr. / N° 76 - Dezember / Décembre 2024

15 ENSEMBLE 2024/76 —– Fokus veau radicalement évolué puisque nous ne sommes plus seulement en dialogue avec d’autres confessions chrétiennes (œcuménisme), mais que nous entretenons aussi un dialogue interreligieux. Le Conseil synodal a brièvement exposé la position de l’Église nationale sur ce point dans sa brochure « Foi chrétienne et pluralité du point de vue réformé ». La notion d’Église multitudiniste n’est plus aussi actuelle qu’à une époque. L’un des ouvrages auxquels vous avez contribué est consacré à l’ecclésiologie de l’Église multitudiniste. Jusqu’à quand une Église en décroissance reste-t-elle l’Église de tout le monde ? Il s’agit d’une notion qualitative et non pas quantitative. Une Église multitudiniste n’est pas centrée sur elle-même, elle s’adresse à l’ensemble de la société et elle est riche d’une diversité intérieure qui permet de jouer sur la proximité et la distance à différents degrés. La constitution de l’Église lui demande de prêcher l’Évangile « à toutes et à tous, dans l’Église et dans le monde », sans se demander qui est membre et qui ne l’est pas. Même si nous sommes minoritaires, notre regard reste orienté vers la société. Où en sera cette Église dans dix ou vingt ans ? Estelle vouée à mourir de sa belle mort ou peut-on s’attendre à un réveil comme en a connu l’histoire des religions ? Probablement ni l’un, ni l’autre. Il n’existe pas de lien de cause à effet entre la vitalité d’une Église et son modèle d’organisation. Il existe des Églises proches de l’État très vivantes, des Églises indépendantes sclérosées, et inversement. Nous passerons à coup sûr par des processus de transformation douloureux. Mais tant que l’Évangile sera transmis et que le culte sera célébré, l’Église ne disparaîtra pas. La Maison de l’Église est en pleine réorganisation. Il n’y aura plus de secteur Théologie autonome. La théologie aura-t-elle une place suffisante dans la nouvelle structure ? Un poste sera toujours dédié au travail théologique. Ce poste a même gagné des pourcentages dans le nouveau pôle Église. La théologie continuera donc d’être valorisée. Vous prenez votre retraite fin novembre. Quel conseil voudriez-vous léguer à la Maison de l’Église ? Je ne suis pas qualifié pour donner des conseils. Pour moi, « demain, risquer Dieu » est l’un des passages clés de notre Vision. Nous avons certes des raisons de nous inquiéter, mais cela ne justifie pas l’activisme aveugle. Plaçons plutôt notre confiance dans le Dieu vivant et reposons-nous sur lui. Par bonheur, l’avenir de l’Église n’est pas entre nos mains. Biographie Matthias Zeindler, 66 ans, né à Münsingen, est marié avec Andrea Figge Zeindler, pasteure. Leurs deux enfants sont adultes. Il a été titulaire de la chaire de théologie systématique de l’Université de Berne jusqu’à l’âge de la retraite. Il a été engagé en 2010 à la tête du secteur Théologie des Services généraux au sein de la Maison de l’Église ; il prend sa retraite fin novembre, un an au-delà de l’âge officiel. Il ne prévoit pas de voyager aux quatre coins du monde ni d’accepter des obligations à tour de bras. Il souhaite vivre « à son rythme », avec plus de liberté, et se réjouit notamment d’aller plus souvent au théâtre et au concert. Publié récemment Matthias Zeindler, Sich Gottes Einspruch gefallen lassen. Beiträge zur reformierten Theologie, Theologischer Verlag Zürich, 2024, 378 p., Fr. 44.– * Coresponsable service de la communication © zVg / Refbejuso

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